Chapitre 16 : Heritage
“Ma Louise,
Je suis au désespoir depuis que j’ai découvert votre corps inerte. J’ai remis votre lettre entre les mains de Marie-Hélène qui barrera le chemin, avec Henry, des brigands qui seraient tentés de voler vos effets. Et, si cela n’est pas suffisant, j’ai muré vos quartiers de façon à ce que personne n’en trouve l’entrée.
Je suis au désespoir, ma Louise. Nos servants n’ont pu vous accompagner dans votre voyage. Je ne pourrai jamais vous retrouver. Vous ne savez pas tout ; il y a peu, je ne le savais pas encore. Ceci a été l’objet de mon voyage, et je voulais vous en faire la surprise ainsi qu’éviter de vous donner de faux espoirs. Ma tendre et bien aimée femme, cette enfant que vous croyiez morte est bien vivante. J’ai pu l’apercevoir.
Vous avez été mère sans le savoir durant tant d’années. Votre fille est pleine de vie, de rires et de joies, élevée par vos propres parents qui vous ont jadis rejetée à cause de cette existence que vous meniez, et qui a fait de vous la femme que j’ai tant aimée.
Je suis revenu de ce voyage le cœur plein de joie de cette nouvelle que je tenais à vous apporter. Vos parents vous attendaient pour réparer leurs erreurs passées et vous rendre votre fille que je n’ai pas eu le temps d’adopter. Elle n’aura en compensation que votre dernière demeure dont je lui ai donnée la propriété.
Je vais à mon tour quitter ce monde, je ne puis continuer à vivre sans vous. Je cacherai cette lettre derrière le grand miroir de l’entrée, elle sera là lorsque vous viendrait me rendre visite. Il sera votre passage lorsque votre esprit désirera quitter le corps de votre descendance pour m’enlacer durant de formidables moments.
Ma Louise, j’aurais tant aimé vous voir prendre dans vos bras votre jeune enfant. J’aurais tant aimé qu’elle porte votre nom de femme. Elle devra garder celui de vos parents et sera connue de tous en tant que Jeanne Beauchamp.
Mon amour,
Mon corps retrouvera le vôtre dans notre caveau.
Je pris nos ancêtres que nos esprits puissent se retrouver à nouveau.
Votre Stanislas, à tout jamais. “
Fanny est à genoux dans son entrée, devant ce miroir brisé, la lettre entre les mains. Elles tremblent, elle n’arrive pas à se relever. Elle est la descendante de Louise, elle n’a aucun doute sur le sujet. Tout s’explique enfin, absolument tout. Elle sent cet autre être en elle.
Des mains se posent sur ses épaules, une voix la sort de ses rêveries :
- Hey, Fanny, mange un truc.
- Oui… je vais le faire.
- Tu l’a lue combien de fois cette lettre ?
- Je n’ai pas compté.
- Elle a une signification quelconque pour toi ?
- Oui.
- … T’es une nana étrange. J’espère que tu m’en voudras pas, mais j’ai fouillé dans tes affaires et je suis sûr que cette salopette t’ira très bien. Les cartons ne vont pas se défaire tous seuls.
Elle pose la lettre sur le sol et tourne la tête vers cet agent de police qu’elle a connu la veille au soir. Il lui tend une main pour l’aider à se lever. Elle la prend, se redresse grâce à elle. Il passe un doigt sous son manteau pour que Fanny lève la tête vers lui, et il pose ses lèvres dessus. Fanny laisse faire et recule. Elle lui demande :
- Que fais-tu ici, Octave ?
- Je fais confiance à mon instinct.
- Je ne suis pas une femme bien.
- Je suis tout de même attiré par toi.
- Mon mari est parti samedi et tu es déjà le septième mec avec qui je couche depuis. Et j’ai envie qu’il y en ait d’autres après.
- Ne préjuge pas de ce que je suis et ce que je veux. Je m’en fiche. Tu veux coucher avec toute la terre ? Je m’en fous, je ne suis pas du genre jaloux. J’ai juste envie d’être avec toi.
- Pourquoi ?
- J’ai connu des tas de nanas, des cinglées, des psychopathes, des culs de bénitier… elles se ressemblent toutes finalement. Mais toi, je ne sais pas… c’est comme si tu venais d’un autre monde. Enfile la salopette. C’est pas que j’aime pas te voir à poil mais je n’ai pas envie que tu te blesses. Et bouffe l’un de ces putains de pain au chocolat, ils sont super bons.
Fanny sourit. L’homme lui plait bien. Elle prend le vêtement, l’enfile, attache les bretelles au niveau de la poitrine. Et dans un petit rire, sentant ses seins voulant s’en échapper par les côtés, elle sort :
- T’es un sacré coquin toi.
- Tu es super sexy comme ça. Je suis venu avec deux paires de menottes, au cas où.
- Elles pourraient servir… sait-on ja…
Octave lui coupe la parole en lui fourrant un pain au chocolat dans la bouche, et l’attire à lui en l'attrapant par l’entre-jambes :
- Prends des forces, tu vas en avoir besoin. On va vider tes cartons, foutre tes meubles en place. Et, par moment, on va s’arrêter pour que je puisse te baiser comme une putain de princesse.
- Mmmrrrphhh… Ok… On commence par quoi ?
- Je ne sais pas trop… je prendrais bien une ou deux photos de toi dans cette tenue… en souvenir de ce jour.
- J’ai jamais fait de photos coquines.
- Ça veut dire non ?
- Ça ne veut pas dire non, on ne m’a jamais proposée avant. Mais, laisse-moi bouffer avant. Sont trop bon ces trucs. T’en a pris combien ? Je vais tous les dévorer.
Les meubles se montent, se déplacent. Les cartons se vident. Des secrets s’échangent. Une complicité naît. Des sons de douce agonie résonnent. Et la journée se termine avec deux corps nus sur un lit, enlacés, fatigués. Mais, il n’est pas encore l’heure de dormir. Fanny se lève et inspecte les pièces qui commencent à ressembler à quelque chose.
Elle regarde la grande armoire posée dans la salle à manger. Des bras viennent l’enlacer, un baiser se dépose dans son cou. Et une question est murmurée à son oreille :
- Pourquoi avoir voulu cacher le trou ?
- Pour que Fabrice ne le voit pas.
- Il y a quoi derrière ?
- Un endroit particulier.
- Je n’ai pas le droit de le voir ?
- Pas tout de suite. Il faut que je retire avant de vieux squelettes.
- … Tu as de drôles de métaphores parfois. Je peux rester dormir avec toi cette nuit, mais je travaille demain. Je devrais partir tôt. Si tu veux, je passerai demain soir.
- Je ne sais même pas quand Fabrice rentre. Il devait m’appeler hier…
- Envoie-lui une photo coquine de toi, ça le fera réagir.
- Oui, il y a des chances, mais pas le même genre de réaction que tu aurais.
Fanny se blottit dans les bras d’Octave. Elle se sent bien avec lui, naturelle et libre. Puis, alors qu’il l’embrasse à nouveau dans le cou, elle lui murmure :
- Je veux bien que tu passes la nuit avec moi.