Chapitre 4 : Découvertes

Derrierer Le mirroir Decouvertes 

Fanny profite de l’eau chaude du coin douche de cette petite chambre d’hôtel. Elle réalise qu’elle vient de tromper son mari, de coucher avec un autre, et d’y avoir pris du plaisir, d’en avoir eu terriblement envie.

 

Elle avait besoin de réconfort, elle avait besoin de se sentir aimée. Elle s’est laissée séduire par cet inconnu du bistro qui lui avait souri, et qui l’a retrouvée sur le trottoir en larmes. Il ne s’est passé quasiment aucun temps avant qu’elle n’accepte son invitation à prendre un verre, avant qu’elle ne le laisse l’embrasser, avant qu’elle ne lui suive dans cette chambre d’hôtel et qu’il la baise comme elle aurait voulu l’être par son mari la veille : à quatre pattes, le cul en l’air, totalement cambrée.

 

Elle a pris du plaisir, mais n’en tire pas de satisfaction particulière. Elle compte déjà oublier le nom de cet homme qui croit qu’elle s’appelle Louise. Elle ne tenait pas à donner sa vraie identité, et ce prénom est le premier qui lui soit arrivée à l’esprit.

 

L’homme attend que la femme sorte de cette petite salle de bain. Il l’attend pour partir ensemble de l’hôtel. Elle ne lui demande rien. Elle retourne rapidement à la voiture après qu’il lui a donné son numéro de téléphone sur un bout de papier, espérant qu’elle le rappelle un jour pour qu’elle écarte les cuisses à nouveau devant lui. Mais ce papier finit dans la première poubelle qu’elle croise après lui avoir dit : “peut-être un jour, et au revoir”.

 

Fanny ne retourne pas tout de suite chez elle. Elle préfère passer au village dont elle dépend. Elle n’a pas pensé que la mairie soit fermée et se trouve bête devant la porte d’entrée.

 

Il se met à pleuvoir à torrent alors qu’elle tente de trouver les horaires d’ouverture. Son haut se colle à sa peau tout en devenant d’une transparence flagrante. Mais, elle n’y prête pas attention jusqu’à ce qu’une femme boulotte avec de grosses lunettes l’interpelle, la dévisageant de la tête aux pieds, la regardant avec dédain, tenant fermement son parapluie de ses deux mains. Fanny enroule ses bras autour de sa poitrine et l’autre lui demande alors :

  • Vous désirez quelque chose ?
  • Heu oui. Je venais chercher des informations concernant la vie du village. Par exemple savoir quand sont ramassées les ordures ménagères, ce genre de choses.
  • La mairie sera ouverte mardi matin. Il ne me semble pas vous connaître.
  • Avec mon mari, nous venons d’emménager un peu plus loin.
  • Hoooo, vous devez être le jeune couple qui a acheté le manoir hanté ?
  • Hanté ? Comment ça ?
  • Attendez, rentrons pour en discuter, les gens sont assez superstitieux ici, je n’ai pas envie qu’ils nous entendent et en plus, nous serons au sec. Je suis Marie Foncieux, adjointe au maire à l’urbanisme. Je suis contente de faire votre connaissance.

 

Les deux femmes entrent dans la mairie. Marie donne à Fanny une feuille A4 avec toutes les informations utiles dont ’elle pourrait avoir besoin, évitant ainsi à la jeune femme de devoir revenir le mardi suivant. Puis, elle sort un dossier, celui concernant le manoir et tous les anciens propriétaires. Et elle raconte :

  • Votre manoir a été finalement peu habité durant les dernières décennies. Les anciens propriétaires n’y sont restés que 6 mois, et ils ont mis plus de quatre ans à réussir à le revendre. Oh, oui, je me souviens de cette histoire… la pauvre enfant. Elle est tombée gravement malade. On lui a diagnostiquée la Syphilis.
  • Je croyais cette MST éradiquée en France.
  • Le plus étrange est que la fillette n’avait que 6 ans. Les parents ont dit que c’était à cause de ce manoir. Et ils sont partis le plus tôt possible.
  • … Enfin, ça ne veut rien dire.
  • Si vous le dites. Autre chose encore : il y a environ dix ans, un groupe de jeunes a fait une soirée dans le manoir qui était à l’abandon. Les deux filles ont dit que les quatre garçons les ont violées. Finalement, les jeunes filles sont revenues sur leur déclaration et il n’y a pas eu de plainte. Et tous ont fini par parler de possession diabolique… Je me souviens encore du scandale que ça avait fait.

 

Fanny regarde Marie en se disant qu’il ne s’agit finalement que d’une soirée qui a mal fini, jouant sur la mauvaise réputation de l’endroit. Elle écoute ce qu’elle a à raconter en plus : un autre propriétaire, un petit groupe hôtelier, qui voulait en faire une demeure de charme. De nombreux problèmes lors des travaux de remise en état, le groupe a entretemps déposé le bilan. Presque rien n’avait été fait si ce n’est avoir installé un ballon d’eau chaude pour la salle de bain.

 

Une histoire plus lointaine, une histoire pendant l’occupation allemande où le manoir avait servi quelques jours comme quartier général pour cette partie de la région. Les soldats se seraient tous entretués.

 

Fanny ne nie pas que tous ces événements se soient passés. Elle reconnait que de drôles de choses sont arrivées dans sa demeure. Mais, elle reste sceptique alors que Marie est persuadée que ce sont les militaires allemands tués qui hantent l’endroit.

 

  • Puis-je vous demander combien il y a eu de propriétaires ?
  • Et bien… heu… mes archives remontent au 18 siècle… voyons… il semblerait que les premiers propriétaires étaient une famille noble de Russie. Ensuite… héritage… héritage… héritage… Eh bien, le seul changement de propriétaire, suite à ces successions d’héritage, est cette société hôtelière, dont l’acte d’achat date du 11 Février 1994.

 

Fanny ne retient pas sa surprise : cette date est le jour de sa naissance. Elle sourit, tout en fronçant les sourcils. La coïncidence est amusante et étonnante, un peu troublante tout de même. Mais, elle ne dit rien, laisse parler Marie :

  • Les vendeurs étaient… la vendeuse en fait… Madame Bernadette, née Lurain, épouse de Monsieur Hugo Vulien, décédé le 8 Mai 1984, habitant le...
  • Pardon ? … Je peux voir ?
  • Euh… oui. Il n’y a rien de confidentiel… je crois. Vous les connaissez ?
  • … Il s’agit de mes grands-parents maternels.
  • Oh… comme c’est amusant. Vous allez pouvoir en parler avec votre grand-mère alors.
  • Elle est morte il y a 15 ans et je ne l’ai presque jamais vue… est-ce que je peux vous emprunter le dossier ?
  • Euh… normalement non… mais … il faut me promettre de me le ramener rapidement. Je risque d’avoir des ennuis sinon.
  • Oui, je vous le promets. Merci et à bientôt.

 

Fanny se précipite pour rentrer à son manoir. Elle est perturbée, chamboulée. Elle se demande pourquoi elle a eu cette envie irrésistible d’en devenir propriétaire alors qu’il appartenait à sa famille avant, alors qu’elle n’en connaissait pas l’existence. Elle n’est pas vraiment superstitieuse, mais les coïncidences sont très dérangeantes.

 

A peine la porte d’entrée passée, elle s’installe sur le sol du hall d’entrée. Elle éparpille les papiers, les détails, les regardent. Marie parlait d’héritages successifs, mais elle n’était pas au courant qu’elle pourrait avoir du sang Russe dans les veines.

 

Une succession la bloque. Elle ne la comprend pas. Elle a eu lieu au tout début du 20ième siècle. Depuis, tout semble logique, mais avant… Avant, la demeure appartenait à un Stanislas Karvichkov. A été ajouté sur l’acte de propriété, bien plus tard, sa femme, du prénom de Louise. Louise… le prénom que l’homme de son rêve lui donnait.

 

Fanny commence à avoir du mal à respirer. Elle essaie de comprendre. Elle ne trouve pas pourquoi, un an après cette modification de l’acte de propriété, celle-ci a été donnée à une certaine Jeanne Bonchamp, alors âgée de 8 ans. Pourquoi, si elle était leur enfant, ne portait-elle pas le nom de son père ? Quel est le lien entre tout ça ?

 

Elle veut savoir, elle veut comprendre. Elle sait à qui demander : elle appelle sa mère. Après quelques bavardages un peu inutiles, Fanny lui demande :

  • Est-ce que Jeanne Bonchamp te dit quelque chose comme nom ?
  • Heu, oui, c’était mon arrière-grand-mère. Elle a d’ailleurs été enceinte de ta grand-mère sans être mariée. Imagine le scandale que cela a été à cette époque. Tu es en train de faire un arbre généalogique ?
  • … C’est un peu ça. Et, du coup, sais-tu qui sont ses parents ?
  • J’ai un doute là. Bouge pas… ton grand-père avait commencé à faire des recherches sur nos familles, il y a bien longtemps… mais, il est décédé avant d’avoir terminé… merdasse, je ne sais plus où j’ai mis ça. Tu es toujours là ma chérie ?
  • Oui oui, j’attends.
  • Dans cette boîte ? Non… et là ?… Fais chier… Trouvé… Alors, ça ne remonte pas bien plus loin. D’après ce que papa avait déniché, elle a été élevée par ses grands-parents. Elle est de père inconnu, et sa mère est morte peu après sa naissance, mais son nom n’est pas indiqué.
  • … Je te remercie beaucoup maman, mais je vais devoir te laisser.
  • Je t’embrasse fort ma fille. Ça m’a fait plaisir de t’entendre.
  • Bisous, maman.

 

Fanny en sait davantage. Elle sait maintenant que ni Stanislas, ni Louise ne sont ses ancêtres. Alors, pourquoi cet héritage à son arrière arrière grand-mère alors qu’elle n’était encore qu’une enfant ?

 

Il commence à faire nuit. Elle allume des bougies. Elle regarde à nouveau les documents. Elle cherche le lien qu’il peut y avoir. Mais, elle ne trouve rien avant de s’assoupir devant le miroir.

 

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