Chapitre 6 : Passage secret

A Travers Le Miroir legging 

Fanny ouvre un œil, la sonnerie de son téléphone retentit. Elle est bien désagréable, bien loin de la douce musique dont elle se souvient de son rêve. Elle attrape l’appareil machinalement, et décroche :

  • Bonjour Madame, c’est les déménageurs. Tout est réglé et nous pouvons venir demain. Est-ce que cela vous convient ?
  • Euh… oui… oui, c’est parfait. Euh… à quelle heure ?
  • Le temps de finir la route, nous devrions arriver vers 11h00.
  • Je vous attends. Mais… vous m’appeler un dimanche ?
  • Pardon madame, mais nous sommes lundi.
  • Oui, évidemment… nous sommes lundi… je suis un peu décalée… et bien, à demain alors.
  • A demain.

 

Fanny repose son téléphone, perplexe. A-t-elle vraiment dormi tout ce temps ? Elle regarde l’heure, elle regarde le jour… Ce dimanche s’est passé sans elle. Elle n’en revient pas elle-même.

 

Son téléphone indique qu’il ne reste plus que cinq pourcents de batterie. Machinalement, encore à moitié endormie, elle va chercher son chargeur, le branche dans la première prise de courant qu’elle trouve et se souvient d’un coup qu’elle n’a toujours pas d’électricité. Et pourtant, elle voit cette jauge monter progressivement.

 

Elle veut vérifier que ce n’est pas une hallucination. Elle appuie sur l'interrupteur, et l'ampoule incandescente s’éclaire, un bref instant, avant d'éclater. Elle sursaute et se met à rire. Elle a de l'électricité, elle pourra, d’ici peu, se connecter au monde entier.

 

Fanny retourne dans l’entrée et se voit dans le miroir, totalement nue. Elle ne s’en était pas rendu compte avant. Les papiers qu’elle avait examinés sont toujours bien en place sur le sol. Son débardeur et son jeans s’y trouvent également. Elle prend ce dernier, découvre la déchirure tout le long de son entre jambes. Elle se met à trembler.

 

Oui, il était vieux et prêt à craquer. Mais, est-ce dans une masturbation inconsciente que ses mains ont ouvert un passage ? Était-ce vraiment un rêve ? Elle n’a pas le temps de se poser la question. Elle se précipite sur son téléphone qui se met à nouveau à sonner. C’est Fabrice, elle décroche sans attendre. Il commence la conversation par un :

  • Bien, je suis content de voir que tu es toujours vivante. Tu ne t’es pas inquiétée de savoir si je suis bien arrivé ?
  • … Si, évidemment. Mais, tu devais m’appeler pour me prévenir, et en plus, je n’avais aucun réseau.
  • Ah oui ? Vraiment ? … Pourtant, je t’ai laissé plein de messages.

 

Des messages ? Ment-il ? Elle n’a rien de sa part. Mais en même temps, Fanny ne dit pas non plus la vérité, sans sourciller, sans culpabiliser. Pourtant, elle s’en veut de ne pas avoir pensé à son mari, de ne pas s’être inquiétée de comment il va. Elle pourrait lui dire qu’elle a retracé l’historique de ce manoir, mais elle n’en a pas envie. Elle pourrait lui dire qu’il y a enfin de l’électricité dans la maison, mais ça ne lui vient pas à l’esprit, tout comme pour cet homme qui l’a rendue infidèle ; elle l’a déjà oublié. Elle écoute ses jérémiades, sur son voyage, sur sa chambre d’hôtel qui ne lui convient pas. Elle écoute à peine. Il parle, sans demander comment elle va, comment elle se sent, seule, presque au milieu de nul part.

 

  • Bon, je dois te laisser, je pars en réunion.
  • Juste pour te dire que les déménageurs passent demain.
  • Cool. ça va t’occuper comme ça. Bon, je te laisse.
  • A vendredi soir.
  • Euh… oui, ou samedi en fait. Je ne sais pas trop. C’est un peu le bordel lorsque je ne gère pas tout le monde. Je te tiens au courant, on se rappelle. Je dois te laisse. Bisou, je t’aime.

 

Et il raccroche sans que Fanny ne puisse ajouter un mot. Ses larmes coulent à nouveau. Elle se demande s’il tient vraiment à elle. Finalement, ses rêves lui apportent plus de jouissances et de plaisirs.

 

Et il lui revient à l’esprit cette porte qui mène à un couloir que Stanislas a emprunté lorsqu’il la portait dans ses bras. Elle n’existe pourtant pas. Fanny va dans cette salle à manger, contemple le mur où elle devrait se trouver. Elle ne voir rien. Elle regarde sous toutes les coutures, passe sa main. Ce n’est pas totalement lisse, mais rien d’anormal pour une vieille bâtisse.

 

Elle cogne du poing à plusieurs endroits. Elle sait qu’elle ne trouvera rien. Elle veut juste se convaincre que ce n’était qu’un rêve. Elle tape de la main sur les murs dont le son indique qu’il y a de la pierre derrière. Elle continue jusqu’à entendre un raisonnement. Elle s’arrête… un endroit creux, qui correspondrait à là où se trouverait le passage de son rêve.

 

Elle veut en avoir le cœur net, elle veut savoir. Elle veut découvrir. Elle prend son tube de rouge à lèvres pour marquer l’endroit où il y a une différence entre le son ferme et le son résonnant. Puis, elle recule de quelques pas… il s’agit bien d’une porte.

 

Fanny sent ses jambes trembler avant de lâcher et qu’elle ne se retrouve au sol. Elle met plusieurs dizaines de minutes avant de réussir à se lever à nouveau. Elle a besoin d’une masse, de quelque chose pour casser ce mur et en avoir le cœur net.

 

Elle se précipite à sa voiture. Elle se souvient d’avoir vu une boutique de bricolage à quelques kilomètres qui lui permettra d’avoir ce qu’il lui manque pour ouvrir le passage. Elle attache sa ceinture, démarre le moteur, prête à partir, avant de s'apercevoir qu’elle n’est toujours pas habillée, qu’elle n’a même pas de chaussures.

 

Elle se ravise, retourne précipitamment dans le manoir. Elle enfile le débardeur laissé sur le sol. Elle court dans la chambre et enfile un legging rapidement. Elle ne prend pas le temps de mettre des chaussettes et glisse ses pieds dans ses converses, et la voilà partie.

 

Fanny ne fait pas attention aux regards des autres clients présents. Et pourtant, ils sont nombreux sur elle. Elle n’a qu’un seul but. Elle ne voit rien ni personne. Elle ne tient pas à s’attarder, trop pressée de découvrir, de savoir s’il existe réellement un passage.

 

Elle fait pourtant sensation avec sa poitrine à peine maintenue par ce haut, dont les mouvements sont amplifiés par cette précipitation de perdre le moindre temps possible. La bas de son corps est sous de nombreux regards grâce à ce legging couleur chair moulant parfaitement ses jolies fesses, mit trop précipitamment, rentrant également dans sa fente.

 

Elle ne voit rien, elle prend ce dont elle a besoin, paie et rentre aussitôt chez elle.

 

Et elle tape à l’endroit encadré par la marque qu’elle a laissée. Elle tape jusqu’à ce qu’un trou apparaisse, entendant un bruit de briques qui se cassent. Une odeur en sort, une odeur de mort. Elle n’y prête pas attention, elle frappe encore, de plus en plus fort à en créer un passage suffisamment grand pour qu’elle puisse passer.

 

Aucun interrupteur n’est présent sur les murs, l’électricité n’y a jamais été installé. Elle distingue à peine un couloir horriblement sombre. Et l’image de son rêve lui apparaît, celui lorsqu’elle se réveille, découvrant ce lustre, réalisant qu’il n’était éclairé que par des bougies. Des bougies, oui, elle en a plein en réserve. Elle en allume une et emprunte le passage.

 

Fanny avance doucement. Elle a un peu peur, mais ne cherche même pas à savoir ce qu’elle pourrait trouver. Elle lâche pourtant sa lumière, poussant un cri d’effroi en se trouvant face à deux squelettes pendus. Elle aimerait fuir, mais sa curiosité la retient. Ces personnes sont mortes depuis des décennies. Ses jambes tremblent en remarquant que le premier porte les vêtements d’Henry, et le second ceux de Marie-Hélène… les mêmes, exactement les mêmes que dans son rêve.

 

La dose est cette fois trop forte pour Fanny. Elle préfère faire machine arrière, le temps de digérer, de relativiser. Elle part, recule doucement comme si elle avait peur de les réveiller de leur sommeil éternel. Elle part, mais sans pour autant avoir oublié de récupérer de la main du second squelette une sorte d’enveloppe en cuir qui semble contenir une lettre.

 

 

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