Chapitre 1 : Il était une fois

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  • Anna, rentre maintenant. Il est l’heure d’aller au lit.
  • Attends. Viens voir : il y a un oiseau blessé.

 

L’homme s’approche et voit ce que la petite fille tient dans ses mains. La bête ne bouge pas, a les yeux ouverts mais un regard vide. L’homme pose ses mains sur les épaules de l’enfant et lui dit, avec un air triste :

  • Il est mort.
  • Non, regarde.

 

L’instant d’après, il l’observe souffler doucement dans le bec de l’animal. Celui-ci déploie alors ses ailes. Ses serres se contractent, puis il se redresse et reprend son envol. L’homme regarde ce miracle avec admiration, et esquisse un sourire jusqu’à ce que l’oiseau se fasse attraper par un plus gros, un rapace. Les yeux de la petite fille se remplissent de larmes. L’homme lui dit, rassurant :

  • Anna, je suis désolé.
  • C’est normal, c’est la nature. L’aigle va pouvoir nourrir ses bébés pour pas qu’ils meurent de faim. Je suis contente pour lui. La mésange a sacrifié sa vie pour en sauver deux. C’est un bon équilibre.
  • Comment sais-tu qu’il a des bébés ?
  • Je les ai vus hier. Ils sont dans un nid en haut du pic là-bas.
  • Tu es allée les voir ? Mais, c’était très dangereux, tu aurais pu te faire attaquer.
  • Ben non. Ils sont gentils. Le papa surveillait les bébés et la maman est venue après et on a parlé.
  • … Il faut rentrer maintenant. Et où était Fanny ?
  • Dans le salon avec son amoureux. Ils faisaient comme les lapins.
  • Ok, je vois. Va te brosser les dents et au lit.
  • Et si je me dépêche, tu me raconteras une histoire ?
  • Oui, promis.

 

La petite fille court dans la maison en direction de la salle de bain. L’homme observe l’herbe où elle se trouvait quelques secondes avant, observe là où ses larmes ont coulé. Des pâquerettes sont sorties du sol et continuent à pousser. A nouveau il sourit, puis rentre à son tour dans la maison. Il range la cuisine en attendant qu’Anna l’appelle bien emmitouflée dans ses couvertures, ce qui arrive quelques secondes après.

 

  • Alors, ma princesse, quelle histoire veux-tu que je te raconte ?
  • La sorcière de la forêt.
  • Je t’avais dit pas avant tes cinq ans.
  • C’est demain que j’ai cinq ans, c’est pareil, non ?... S’te plait mon papounet à moi…
  • C’est une histoire triste, avec des gens méchants...
  • S’te plait, s’te plait, s’te plait.
  • … Ok.
  • Merci, merci, merci tout plein.
  • Bien, alors, je commence du début. Il y plusieurs centaines d’années de ça, vivaient une femme et ses quatre filles.
  • C’étaient des sorcières ?
  • Oui. Mais si tu m’interromps tout le temps, je ne vais pas pouvoir te raconter la suite.
  • Je ne dis plus rien… bouche mmmhmmm et mmmmhhhmmmmm. Il vient d’où le pouvoir des sorcières ?
  • Anna, tu exagères… de l’amour.
  • Comme pour Fanny et les lapins ?
  • Oui, mais bien plus encore. Disons que ce que les lapins font leur donne du pouvoir, mais il est bien moins grand que celui que peu procurer les sentiments d’un père vis-à-vis de sa fille par exemple. Ou d’une mère pour ses enfants… tu comprends ?
  • Non. Mais, l’histoire, s’te plait.

 

« Il y a des centaines d’années de ça, une mère avait quatre filles. Toutes étaient sorcières bien que la plus jeune n’avait alors presque aucun pouvoir. Mais, même si elles ne faisaient de mal à personne, la sorcellerie était vue comme une mauvaise chose à cette époque. Elles ont été arrêtées et mises dans un cachot pendant des mois, peut-être des années, avant d’être jugées. Elles ont vécu des horreurs… mais tu es encore trop petite pour que je t’en parle. Seule la plus jeune y a échappé, un temps en tout cas. Elle n’était encore qu’une enfant, d’à peine quelques années de plus que toi.

 

Après le jugement, elles ont été condamnées toutes les cinq à mourir en se faisant brûler sur un bûché. Les flammes ont commencé à s’intensifier. La maman et ses trois premières filles ont commencé à chanter avec des paroles que personnes ne pouvaient comprendre. Elles ont continué alors même que le feu les brûlait. Elles ont continué jusqu’à ce que la vie s’échappe d’elles. »

 

Anna se redresse sur son lit et demande, inquiète :

  • Elles sont mortes ?
  • Oui.
  • Toutes ?
  • Non. Il restait la dernière, la plus jeune. Les flammes dansaient autour d’elle, mais ne la touchaient pas. Et elles partirent comme des flèches, traversant le cœur des spectateurs qui s’extasiaient de ce spectacle horrible. Sa mère et ses sœurs l’avaient protégée par leur amour et leur sort.
  • Elle est toujours vivante ?
  • C’était il y a bien longtemps. Qui sait ? C’est l’heure de dormir maintenant. Il faut que tu prennes des forces pour notre balade de demain.
  • Mais, il se passe quoi après dans l’histoire ? Je veux connaitre la suite.
  • Demain, tu en sauras bien plus. Dors maintenant.
  • Bonne nuit papa.
  • Bonne nuit ma puce. Fais de beaux rêves.

 

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