Chapitre 8 : La nature se réveille

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Lucas suit Héléna qui avance sans hésitation. Il lui demande :

  • T’es certaine du chemin ? Tous les arbres se ressemblent.
  • Ils sont pourtant tous différents.
  • Dis voir… Ton truc avec les loups et pour mes côtés et ma cheville… c’est pas naturel ça. C’est quoi ? Une sorte de magie ? T’es une sorcière ou quoi ?
  • … Oui.

 

Héléna s’arrête d’avancer. Elle sert ses bras contre sa poitrine tout en baissant la tête. La peur la gagne. Les humains sont d’une cruauté sans borne avec les gens de son espèce. Et elle sursaute en sentant une tape sur ses fesses. Lucas lui dit :

  • Ben alors, pourquoi tu t’arrêtes ?
  • … As-tu entendu ? Je viens de t'avouer que je suis une sorcière.
  • Ben, franchement, ce n’est pas la première bizarrerie qui m’arrive depuis que je suis dans cette forêt. Et puis, c’est passé de mode. A la limite, si tu avais été un jedi ou si tu possédais les pierres de l’infini, c’est plus tendance… Ou encore un vampire…
  • Un quoi ?... Les quoi ? Je ne comprends pas... Tu connais d’autres sorcières ?
  • Une bonne partie de mes ex, pour être franc.
  • Vraiment ? Elles avaient quoi comme pouvoir ?
  • Celui de me gâcher la vie et faire de la bouffe infâme.

 

Héléna regarde Lucas avec un air montrant sa surprise et le fait qu’elle ne comprend rien. Et il se met à rire, prenant par la main la jeune femme et avançant à nouveau. Puis, avec une petite voix montrant sa gêne d’avoir été dupée, elle demande :

  • Elles n’étaient pas des sorcières, pas vrai ?
  • La sorcellerie a laissé place à la science. Ça fait des centaines d’années qu’on ne brûle plus personne sur un bûcher.
  • … Vraiment ?
  • Tu plaisantes en demandant ça, pas vrai ?... Tu plaisantes… pas ?... Ecoute, je suis un mec plutôt terre à terre et je ne crois pas à grand chose. Je crois tout de même qu’on ne sait pas tout et tu m’as montré des trucs impossibles. Alors, dis-moi que tu es vieille de deux cents ans et je te croirai même si je sais que ce n’est pas possible.
  • J’ai 18 ans.
  • Et ben voilà quelque chose que j’arrive à comprendre.
  • … Depuis plusieurs siècles.
  • … Evidemment… ça aurait été trop simple…

 

Héléna se colle contre le bras de Lucas. Il ne la craint pas, il n’a pas peur d’elle. Elle est heureuse. Mais lui se demande si tout ceci est bien réel. Peut-être est-il toujours dans ce trou, inconscient à faire un rêve des plus étranges. Peut-être est-il même mort. Quoi qu’il en soit, il ne réalise pas.

 

Puis, il lâche Héléna et court pour s’arrêter devant un sac à dos abandonné. Il le reconnaît, c’est celui de son ami Greg, mais avec une tache de sang dessus. Il se lève, regarde partout autour de lui, et se met à l’appeler. Héléna pose sa main sur son épaule avec le doigt devant la bouche en murmurant :

  • Ils se sont rapprochés. Il ne faut pas qu’ils nous entendent.
  • Greg est blessé, il faut le retrouver. Aide-moi, s’il te plait.
  • D’accord.

 

Héléna recule d’un pas et chantonne doucement quelque chose d’incompréhensible :

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« Gardiens, venez à notre secours »

 

Quelques secondes après, trois loups apparaissent, se précipitant sur le sac. Ils le reniflent un peu, reniflent le sol, et partent ensemble dans une même direction. Héléna prend la main de Lucas en lui disant :

  • Il faut les suivre, vite.

 

Ils se précipitent, courent plusieurs centaines de mètres avant de rejoindre les bêtes arrêtées devant un bosquet. Lucas voit un pied dépassé. Il reconnait la chaussure de son ami. Il tire, sort le corps d’entre les branches. Greg est inconscient avec une énorme tâche de sang au niveau du ventre. Il respire péniblement, mais est toujours vivant. Lucas demande à Héléna :

  • Sauve-le, s’il te plait.
  • … Je ne sais pas si j’en suis capable. Et ils sont de plus en plus prêt, je ne vais pas avoir assez de temps.
  • Dis à tes loups de les attaquer, je ne sais pas, un truc du genre.
  • Est-ce que sa vie est plus importante que celle des miens ?
  • … Je ne sais pas… Mais, je ne peux pas le laisser comme ça. Ce sont des tueurs de tout ce qui vit. 
  • Oui, j’ai vu ce qu’ils ont fait… Retire ses vêtements.

 

Et Héléna fredonne un nouvel air, toujours avec ces paroles incompréhensibles. Les loups partent. Des hurlements d’autres se font entendre. Un troupeau de sanglier passe à côté d’eux en trombe, se dirigeant dans la même direction. Des cerfs, des biches, même des lapins se précipitent vers la même destination. Et la sorcière continue son chant, cueillant en même temps des plantes.

 

Des coups de fusils commencent à être tirés, ils sont vraiment tout prêt. Il y a des cris d’animaux, des hurlements d’hommes. Tout est un véritable capharnaüm. Et Héléna continue à sortir ces paroles qui n’ont l’air de n’avoir aucun sens.

 

Elle frotte ces herbes entre ses mains, crache dessus et en fait une bouillie. Elle la dépose sur la blessure de Greg qu’il a sur le côté du ventre, une blessure faite par une arme à feu. Et Héléna y fait couler de sa salive. Greg, alors inerte, se met à hurler de douleur. Et Lucas regarde, surveillant en même temps si personne n’arrive.

 

Héléna retire sa chemise et s’allonge sur le corps de Greg tout en continuant son incantation. Elle se frotte dessus dans des mouvements de plus en plus érotiques.  Bientôt, il n’y a plus que sa vulve qui touche l’homme dans des déhanchements qui ressemblent à une masturbation.

 

Les coups de fusils sont de moins en moins nombreux. La forêt semble retrouver petit à petit son calme. Lucas ne sait pas qui des animaux ou des braconniers ont survécu. Il regarde Héléna qui se met à trembler comme lorsqu’elle a eu un orgasme plus tôt, qui se met à sortir un râle comme lorsqu’elle a joui prise par lui. Et elle s’arrête net d’onduler ses hanches sur la cuisse de Greg. Elle pose d’un coup ses deux mains sur la blessure vive d’où coule du sang. Il se met à nouveau à hurler.

 

Lucas entend un craquement de branche. Un homme ensanglanté pointe un pistolet vers Héléna et Greg. Il ne réfléchit pas, il se précipite. Un coup de feu ; Lucas tombe brutalement sur le sol. Héléna crie de toute ses forces : 

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« Nature, détruit cet homme. Use de ma douleur et ma haine pour me venger et nous protéger. »

 

Les yeux de la jeune femme deviennent d’un blanc immaculé. Le Braconnier se met à crier à son tour en comprenant que son corps ne lui répond plus. Son arme tombe au sol. Des branchent pointues sortent instantanément des arbres autour et transpercent l’homme de toute part. Il ne peut que sentir ses milliers d’insectes grimper sur lui, passer sous ses vêtements. Ses hurlements raisonnent dans toute la forêt alors qu’il se fait dévorer vivant. Il rêve de mourir dans l’instant, mais son agonie durera encore de longs moments, jusqu’à ce que la sorcière épuise tout son pouvoir.

 

Héléna s’écroule sur Greg, n’ayant plus la moindre force. Ce dernier ouvre un œil, commence à découvrir ce qu’il se passe autour de lui. Son ami est au sol, le visage couvert de sang, les yeux regardant vers lui, mais vides. Lucas ne se relèvera pas, mort sur le coup par cette balle qui s’est logée dans son crâne.

 

 

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