Chapitre 11
- Je m’excuse encore pour hier soir, je ne voulais pas vous déranger.
- Ben oui, évidemment. Tu me prends pour qui là ? Genre, ça ne pouvait pas attendre aujourd’hui. Non, tu voulais la voir, savoir comment elle était. Alors, t’en penses quoi ?
- Ben, rien.
- Si, dis, ça te brûle les lèvres.
- Elle est niaise, voilà ce que je pense. Désolée, je suis franche, puisque tu veux le savoir, mais elle fait niaise. Je m’attendais à mieux.
- Ha bon ? Tu trouves quoi de niais chez elle ?
- Je ne sais pas, sa façon de regarder, de parler. Elle est mignonne, je ne dis pas, mais niaise quoi. Elle fait quoi comme études ?
- Ben là, elle est apprentie esthéticienne.
- Haaaa… ok !
- Ça veut dire quoi ça ?
- Rien… ça explique tout, voilà. Sinon, vous avez repris là où vous vous étiez arrêtés ? Tu sentais la mouille à plein nez.
- Non, tu lui as coupé ses effets. Et elle voulait manger au mac do, elle s’est goinfré et après, elle avait mal au ventre…
- Pauvre petit… Alors, rien du tout ?
- Non.
- Même pas une branlette ?
- Mais t’es pas possible toi. Et moins fort, on pourrait t’entendre.
- Je ne sais pas si on nous entend, mais on nous regarde. Le beau-gosse en train de manger en tête à tête avec Mamie Binocles… Tu es en train de donner un coup de canif à ta réputation.
- Je m’en fous. De toute façon, à part toi, je parle à plus personne.
- Tu n’as cependant pas répondu à la question. T’es en manque là ou pas ?
- Tu veux vraiment tout savoir toi… Disons que je suis resté sur ma faim…
- Tu la vois ce soir ?
- Non.
- Tu veux venir ?
- Juste pour de la baise ?
- Juste pour de la baise.
- Je ne sais pas. Je trouve que c’est pas bien de lui faire ça…
- Tu culpabilises ?
- Oui.
- Fais comme tu veux alors, je n’ai pas envie que tu te sentes obligé.
Plus tard dans la soirée.
- Je ne pensais pas que tu viendrais.
- Je n’arrivais pas à dormir. Tu fais quoi ?
- Je revois les cours. Viens voir, je n’arrive pas à comprendre ça.
- Attends, faut que je me remette dans l’ambiance là… Tu dors comme ça ?
- Non, je dors toute nue. Là, ben, je ne suis pas encore couchée. C’est mon tee-shirt préféré. C’était celui de mon papa.
- Dommage qu’il soit si long… Bon, t’as visiblement pas envie.
- Non, là je suis concentrée sur cette merde de cours. T’étais venu pour ça ?
- Oui… Non, en fait non. Je n’avais pas envie de passer la soirée seul.
Elle me sourit, un sourire charmant, heureux. Et je me suis installé à côté d’elle. Nous avons travaillé ensemble. C’était agréable. Nous avons revu les cours ensemble, de temps en temps en se prenant la tête sur des points de vue différents. Ce n’était pas important, presque amusant.
- Bon, ben je rentre chez moi maintenant, il commence à se faire tard.
- Laurent… Je n’ai pas envie de dormir seule ce soir. Mais, je n’ai pas envie de sexe non plus.
- D’accord. Mais on va être un peu serré dans ce petit lit.
- Pas grave, j’ai envie de sentir la chaleur d’un corps.
- Un corps ? Pas forcément le mien ?
- Ne cherche pas la petite bête. Tu préfères être contre le mur ?
J’ai plutôt mal dormi, et je me suis réveillé au milieu de la nuit. Elle me tournait le dos, je l’entendais cependant sangloter. Je n’ai pas osé lui parler, mais ma main n’était plus contrôlable et elle se mit à lui caresser les cheveux. Sa tête se tourna, ses yeux me regardèrent, elle fondit en larmes et se blottit contre moi. Je ne lui ai rien demandée, elle savait que si elle avait envie de parler, je serais là pour elle.
Mais, elle ne me dit rien, aucune explication. Je commençais à avoir l’habitude, je ne savais toujours pas pour son déguisement, je ne savais pas pour Rémy, et là pour ses pleures. Je me faisais une raison.