Chapitre 21
On frappa à la porte, me sortant de mon sommeil, Sandra dormant encore à poings fermés.
- Salut Laurent.
- Fanny ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- Ben, j’étais dans le coin et je me suis dit que je pourrais passer te dire bonjour… Vu ton regard, tu ne me crois pas… Tu me laisses entrer ?
- Heu, non, je ne suis pas seul.
- Oui, évidemment, je suis bête… Je te dérange certainement. J’avais envie qu’on parle un peu.
- Ben, je ne sais pas… Faut que je vois…
- Ecoute, je ne t’embête pas plus là. Je serais dans le quartier toute la matinée. Appelle-moi pour me dire si c’est ok ou pas, et si oui, on pourra manger ensemble ce midi. T’as encore mon numéro ?
- S’il n’a pas changé, je l’ai.
- Elle voulait quoi ?
- Tu ne dors pas ?
- Non, je vous ai entendus.
- Je ne sais pas, discuter.
- Te récupérer.
- Tu penses ?
- Il n’y a qu’un moyen d’être sûr, mange avec elle ce midi. Et fais-toi beau.
- Pourquoi ? Elle va croire que je veux lui plaire, et j’ai pas envie de me remettre avec elle.
- Tu verras comment ça se passe… Mais, moi je préférai lorsque vous étiez ensemble, on se voyait plus…
Fanny était joliment habillée, sexy, sans exagérer. Cette robe noire moulante lui allait très bien. La conversation tarda à arriver, chacun un peu timide de se retrouver là, ainsi, en tête à tête.
- Tu vas bien ?
- Oui, ça va.
- C’était ta copine ce matin sous la couette ?
- Une bonne copine avec qui je passe du temps de temps en temps.
- Ha ? T’es avec personne alors ? Officiellement, je veux dire.
- Et toi ?
- Moi non plus.
- Tu ne t’es pas trouvé un mec ? Sur internet ?
- Heu… Non. J’en ai rencontré, des couples aussi, mais rien de sérieux… C’était pas comme nous, tu sais…
- Et tu continues les webcams ?
- Je ne vais pas dire non, mais c’est bien plus rare. C’était amusant au début, mais c’est toujours la même chose. Laurent, j’ai envie qu’on soit à nouveau ensemble, que tu me reprennes. C’était génial tous les deux, et je sais que je t’aime encore. Et puis, ça arrive à tous les couples d’avoir des moments où ça va moins bien et ça repart ensuite. On était tellement complice… T’en pense quoi ?
- Je ne sais pas.
- Je t’en supplie, laisse moi une autre chance. Je sais que je ne la mérite pas, mais je ferai tout ce qu’il faut pour que tu me pardonnes, je ferai tout ce que tu voudras, sans rien dire.
Le soir même
- Faudrait qu’on se fasse plus souvent des petits jeux de rôle comme ça. C’était amusant.
- Au moins, t’es efficace en soubrette. Mon studio n’a jamais été aussi propre.
- Et ton instrument de travail aussi… Regarde, il m’a toute tâchée la tenue. Et la fille qui a débarqué tout à l’heure, c’est celle qui était dans ton lit ce matin ?
- Non, c’est une autre.
- Elle venait pour quoi ?
- Ben… D’après toi ?
- Ha ? T’as deux sex friends ?
- Je n’appelle pas ça comme ça. C’est pour le sexe, mais ce ne sont pas des amis. J’avais juste oublié de décommander.
- C’est bien ça, ça te permet de tourner lorsqu’une n’est pas dispo.
- J’en ai d’autres aussi…
- Et… Tu vas continuer à les voir, alors qu’on est à nouveau ensemble ?
- C’est possible et je ne considère pas encore qu’on soit ensemble.
- Il faut que je fasse quoi pour que tu arrêtes avec ces filles ?... Ha moins que… C’est ça ? Tu as envie qu’on le fasse à trois ? Si tu veux, si ça me permet d’être avec toi, je veux bien. Ça ne me gêne pas, je t’assure. Après notre rupture, je l’ai fait aussi, avec des couples. Alors, tu vois, ce n’est pas un problème pour moi, et t’avais vu que j’avais bien aimé la première fois.
- Je ne te demande rien, tu fais comme tu veux…
- Mais, je veux, ok ? Je veux. Mais, je veux aussi qu’on le fasse de temps en temps juste tous les deux sans personne d’autre… Et si tu veux, on refera les trucs que tu aimes, tu sais, comme la cabine d’essayage ou le métro.
- Tu n’avais pas voulu.
- Je me souviens, mais cette fois, ça sera différent. Tu me crois ?
- Il va falloir le prouver.
- D’accord… Mais… Quand ?
- Tout de suite. Déshabille-toi et enfile juste ton imper. Dépêche-toi, la dernière séance va bientôt commencer.
- Au ciné ? Toute nue ?
- Non, tu auras ton imper.
- J’ai l’impression que tout le monde se rend compte… J’ai trop honte. Ils me regardent tous…
- Normal, tu as de jolies jambes. C’est sexy, et effectivement, ils doivent se demander ce que tu as dessous.
- Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde à cette heure.
- Tu rigoles ? La salle est à moitié vide. Nous sommes presque seuls sur le rand et nous n’avons personne juste derrière nous.
- … Tu veux dire quoi par-là ?
- Chuuuttttt, ça va bientôt commencer.
Sur le chemin du retour.
- Ho mon dieu, comme j’ai honte, mais comme j’ai honte.
- Ce n’est pourtant pas de la honte qu’il m’a semblé voir…
- Mais tu te rends compte de ce que tu me fais faire ?
- Pourtant, je ne t’ai pas demandé grand-chose, juste d’ouvrir un peu le bas de ton imper pour te toucher. Personne ne s’en serait rendu compte.
- Oui, mais tu m’as dit qu’on ne me verrait pas…
- Mais je ne t’ai pas dit que si tu te mettais à poil, ça passerait inaperçu.
- Mais, c’était pas contrôlable, c’était tellement excitant.
- Excitant ou honteux ?
- Honteux, humiliant… C’est ça qui était excitant. C’est pour ça que j’ai enlevé mon imper.
- Tu aurais pu simplement l’ouvrir…
- Oui… Mais ça aurait été moins fort.
- Tu voulais que le mec au bout de la rangée te voie, avoue.
- Non, je me demandais s’il allait s’en rendre compte. Et lorsqu’il m’a regardée, ça m’a fait peur.
- Ça t’a fait jouir.
- Oui, mais c’est lié tout ça. Je ne sais pas comment l’expliquer. Et le couple derrière, je n’ai pas compris, il n’y avait pourtant personne au début.
- Oui, ils étaient deux rangs plus haut. Ils se sont déplacés pour voir le spectacle. Ça faisait bien dix minutes qu’ils étaient là avant que tu t’en aperçoives.
- Qu’est-ce que j’ai eu peur lorsque je les ai vus… C’est dommage qu’ils n’aient pas fait de cochonnerie en même temps… Mais pour qui ils ont dû me prendre tous ces gens… Une dévergondée, une fille facile, une putain…
- Non, pour ce dernier point, non. Les putains se font payer.
- Je ne comprends pas ce que tu veux dire… Bon, on fait quoi maintenant ?
- Je pensais qu’on allait rentrer… T’en n’as pas envie ?
- Je n’ai pas froid en plus.
- Alors, enlève ton imper.
- T’es fou… Dans la rue… Même s’il n’y a personne, quelqu’un pourrait surgir.
- Exactement.