Chapitre 24 : Fin de la partie
- Donc, c’est vraiment fini avec Fanny ?
- Cette fois, c’est certain.
- Bon, ben, il va falloir que je te trouve quelqu’un d’autre alors. J’ai une copine qui devrait te plaire et tu lui plairas certainement…
- Je n’en veux pas.
- Tu sais qu’il faut que je t’occupe l’esprit, on en a déjà parlé.
- Ce n’est pas la peine.
- Tu ne m’as pas tout dit alors… Elle t’a raconté quoi ?
- Que vous avez couché ensemble. Pourquoi ?
- Pour qu’elle lâche Mamie Binocles. C’est tout ce qu’elle t’a dit ?
- Que tu parlais avec un photographe…
- Et t’en déduis que je suis modèle photo, c’est ça ? N’importe quoi. C’est juste que je le connais, c’est un ami de Bertrand et que… Pourquoi cet air amusé ?
- Pour rien. C’est amusant de voir comment tu essayes de trouver une réponse à tout, surtout lorsque je connais déjà la vérité.
- Quelle vérité ?
- La vérité c’est que je ne voulais pas qu’elle enquête sur toi. Je ne voulais pas qu’elle découvre que tu te déguises. La vérité c’est que j’ai cassé avec elle pour qu’elle arrête tout ce cirque qui ne sert à rien. T’as peur qu’on te reconnaisse et que ça te porte préjudice. Je comprends bien, vu ce que j’ai vu…
- Et t’as vu quoi ?
- Des photos pornos de toi.
- Pas porno, de charme, et c’était pas moi, mais ma mère lorsqu’elle était jeune.
- A un papillon prêt… Sandra, je m’en fiche de ça. Ça n’a vraiment aucune importance. C’est de ça que tu as peur ? Que ton petit copain te voit nue sur internet ou un magazine ?
- Mais toi, es-tu prêt à supporter qu’un tas de types se branlent sur une photo de ta copine ? Es-tu prêt à laisser ta copine se mettre à poil devant le photographe, ses assistants, le coiffeur, la maquilleuse ?
- Je ne me suis pas posé la question dans ce sens là. Je ne sais pas.
- Et bien, c’est comme ça qu’il faut se la poser. Parce que, oui, j’imagine bien que plein de mecs seraient contents d’avoir une jolie nana entant que petite amie, être fier qu’elle rende jaloux les autres mecs. Mais, combien sont-ils prêts à assumer tout ce qu’il faut qu’elle fasse pour faire ce métier ? Et je te le dis directement, je n’arrêterai pas. Parce que d’une part ça me paye mes études, mon loyer, ma bouffe, mes vêtements, et d’autre part, j’aime ça, j’aime être modèle.
On est resté l’un à côté de l’autre pendant de longues minutes sans se dire un mot, sans même oser se regarder. Et nos mains, crispées jusque-là, se sont relâchées, nos bras se sont touchés, puis caressés.
- Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça ?
- Que tu sois au courant. Ça me pesait vraiment de ne pas pouvoir te le dire. Tu le sais depuis quand ?
- J’ai eu un premier doute à la fête des morts, lorsque tu m’as montré les photos de ta mère et que, surtout, tu m’as dit que tu ne lui ressemblais pas que physiquement. Et, tu sais, Murielle…
- Celle que tu disais qu’elle était lesbienne sans vouloir se l’avouer ?
- Ben, elle aimait qu’on le fasse plusieurs fois par soir, et pour m’exciter, elle me montrait des sites de cul. Et sur l’un d’eux, j’ai vu une paire de fesses magnifique avec un papillon dessus…
- Et ?
- On a ouvert l’album et c’était bien toi.
- Ça t’a fait quel effet ?
- Celui que Murielle espérait en tout cas. Mais, j’ai tout de même été étonné, enfin, étonné par le style de photos.
- Pourquoi ?
- Ben… Tu étais toute nue…
- Et t’as trouvé ça choquant ?
- Non.
- Vulgaire ?
- Non.
- Erotique ?
- Non.
- Voilà, c’est ce que je te disais, photos érotiques. Pas plus, pas de mec, pas de pénétration diverse, pas de masturbation, juste de l’érotisme… Bon, et maintenant ? On fait quoi ?
- Je ne sais pas du tout. J’imagine que si je te demande de venir à une de tes séances ça sera…
- Pas de petit copain pour éviter des problèmes.
- Donc, je suis ton petit copain ?
- C’est pas ce que je voulais dire…
- Tu l’as tout de même dit…
- Bon, ok, je l’admets. Et on fait quoi pour fêter officiellement notre relation ?
- Un ciné ?
- Mhhh ? Ce soir ? Va y avoir du monde qu’on connait, au moins de vue. Il vaut mieux que je change de tenue.
- Non… Reste comme ça. J’ai envie que tout le monde sache que je sors avec Mamie Binocles.
- T’es certain de ce que tu fais ?
- Je n’en ai jamais été aussi sûr.