Chapitre 29 - Soutenue
Je suis allongée sur mon lit, j’entends l’eau couler. Mon père me prépare un bain comme je les aime, avec une tonne de mousse. Je me sens tellement plus légère. L’eau coule, mes yeux se ferment. L’eau… je m’endors.
Une sonnerie me réveille, celle du téléphone fixe. Je me lève rapidement, je décroche, je regarde l’horloge… putain, j’ai dormi presque 48 heures. D’une voix pâteuse, je fais :
- Allo ?
- .. Oui, je voudrais parler à monsieur...
Une voix de femme, hésitante et elle continue :
- Vous êtes Pauline, c'est ça ?
- Heu, oui.
- Bonjour, je m'appelle Sophie Tallère... Je... J'étais à votre place il y a cinq ans... Pouvez-vous dire à votre père que c'est d'accord ?... Au revoir.
- … Attendez... Comment avez-vous eu ce numéro... Et... Vous connaissez mon père ?
- … Il ai venu me voir il y a deux semaines... Allo ? Vous êtes là ?
- .. Mais... J'ai... Est-ce que vous y pensez encore ?
- Tous les jours... Je dois raccrocher, je n'ai plus de forfait...
- Donnez-moi votre numéro, je vous rappelle.
- … D'accord.
Nous avons parlé pendant des heures. Elle ne m’a pas racontée grand-chose de ce qu'elle a subi, mais était plus expressive sur ce qu'elle avait ressenti, sur comment elle était seule et abandonnée de tout le monde, même de sa famille. En l'écoutant, j’ai compris que j’ai de la chance d'avoir mon père.
Il rentre au moment où je raccroche.
- Coucou ma chérie. Tu es enfin réveillée ? Tu étais avec qui au téléphone ?
- Sophie Tallère.
- … Et ?
- Elle accepte de témoigner. Tu vas porter plainte ?
- Non, pas moi mais toi. Mais, fini ton année scolaire avant. On va éviter de faire des vagues avant le bac.
- Tu l'as trouvée comment ?
- Avec l'annuaire des anciens élèves. J'ai contacté des centaines d'élèves... et j’ai trouvé six victimes.
- Et tu les as rencontrées ?
- Non, pas toutes, elles ne voulaient plus en entendre parler pour la plus part. Mais Sophie a bien voulu me recevoir, et une autre aussi...
- Emilie ?
- Je sais que tu l'as rencontrée... sinon, je voulais te dire que tu vas passer le bac blanc la semaine prochaine, histoire d'avoir de vraies notes. Penses-tu que ça ira ?
- … Oui... merci... c'est super.
- Et, j'ai récupéré les dossiers de candidatures pour les écoles...
- … Il faut les avis des professeurs. Et les enveloppes sont celées...
- Tu ne verras pas ce qu'ils y mettent. Mais, je serai présent au moment où ils les cèleront.
J'ai l'impression d'être encore plus légère. J'ai l'impression d'être tellement légère que je vais m'envoler. Se sont les yeux pleins de larmes que je me blottis dans les bras de mon père. Il est mon héro, l'homme de ma vie, je l’aime… je l’aime.
Et je passe le reste de la semaine à réviser, à oublier, à reprendre confiance en moi et redevenir Pauline. Mon père a fait du shopping pour moi, me rachetant les habits que j'aime, des sous-vêtements. Je ne lui ai pourtant rien demandé, mais ça me fait plaisir. Et il me surprend à nouveau : aucune erreur sur les tailles des vêtements.
Le week-end avant mon retour à l'école a permis de rassurer mon père son mon état. Il peut m'entendre gémir seule dans ma chambre, redécouvrant le plaisir de la chaire sans en être contrainte, sans me sentir obligée, juste pour le plaisir de jouir.
Je suis prête, je suis seule dans une salle avec le sujet de la première épreuve. Le surveillant général me surveille. Je finis rapidement. Je n'ai peut-être pas tout bon, mais je suis confiante. Je sais que le règlement indique qu'on n'a pas le droit de sortir avant l'heure. C'est pour éviter de déranger les autres qui n'ont pas finis. Mais je suis seule, je me fiche de cette règle. Je reste sur ma chaise à fixer cet homme. Si seulement je pouvais lui arracher ses couilles du regard !
Il est visiblement gêné, je me sens supérieure… non, je suis supérieure. Et après quelques minutes à tenter d'éviter mes yeux, il me dit d’un ton peu rassuré :
- Tu peux me rendre ta copie si t'as fini et sortir.
- Tu me trouves comment ?
- .. je ne sais pas...
- Me trouves-tu jolie ?
- .. oui...
- Il reste une bonne heure là... Tu pourrais me demander de me déshabiller. En plus, habillée comme je suis, ça te donne pas envie de tout découper avec des ciseaux, non ?
- … Pauline... arrête, c'est fini tout ça... tu veux quoi ?
- Que tu te foutes à poil. Que tu te foutes à quatre pattes à me lécher mes chaussures boueuses pendant que je t'encule avec le plus gros concombre que je trouverai.
- … Je ne t’ai jamais sodomisée.
- Et alors ? Qu’est-ce que ça change ? Mais si tu préfères une aubergine, je ne suis pas contre !
Je me lève et dépose ma copie sur le bureau. D'un air autain, je lui dis :
- Tu n'es vraiment qu'une grosse merde !
Et je quitte la salle, je vais en classe.