Chapitre 10 : Instinct
André et moi avons convenu de nous revoir demain. Cependant, il n’est pas question de pose, de dessin, ou de relation sexuelle. En revanche, nous avons décidé de nous tutoyer. Il veut passer un repas, simple, vêtu. Peut-être que nous n’avons pas la même définition sur ce dernier terme.
J’avoue que c’est voulu de ma part. Je sais qu’il aime voir mon corps. Le doute n’est pas permis. Lorsque je sonne à la porte, je porte un caraco transparent et un string. Il est surpris, le contraire m’aurait étonnée. Et il me dit, sur un ton de reproche :
- Pauline, nous avions dit « habillé ».
- Je sais, mais toutes mes autres affaires sont en train d’être lavées. Je n’ai pas eu le choix.
Il sourit, il sait que je mens. Ça n’empêche pas de passer une très agréable soirée… Même si je ne le trouve pas trop en forme. Il tousse… Cela m’inquiète un peu. Mais pour détendre l’atmosphère, il me répond à chaque fois « C’est toi qui passes ton temps toute nue, mais c’est moi qui attrape un rhume ». Après avoir mangé, je le quitte. On a beau être à deux jours des vacances, j’ai des devoirs à faire.
Et le vendredi soir, alors que vais prendre le train le lendemain matin pour revoir mon père et passer Noël avec lui, il m’offre un cadeau. Je le regarde stupéfaite, ne m’y attendant pas du tout. Il me dit :
- Je suis incorrigible, je n’ai pas réussi à attendre ton retour… Voilà, un petit cadeau pour noël.
- Mais… André… Pourquoi ? Il ne fallait pas, vraiment.
- Je crains que le cadeau ne soit plus pour moi que pour toi.
- Je n’ai rien pour toi.
- Je me doute bien, normalement on offre après, mais pas avant. Allez, s’il te plait, montre-moi si ça te va bien.
J’ouvre le paquet, impatiente et curieuse, et en sorts une magnifique robe bleue dos nu. Je prends André dans mes bras pour le remercier. Il me repousse en me disant "vas la mettre, vas te changer dans la salle de bain". J'y vais, je veux lui faire plaisir. L'ouverture dans le dos descend jusqu'à la naissance de mes fesses. Je retire mon string, c’est plus joli ainsi, je suis nue sous la robe. Elle tient sur moi par une simple ficelle nouée derrière le cou. Le tissu est léger et doux, caresse agréablement la peau de ma poitrine qui se meut librement à chacun de mes pas, faisant au passage durcir et pointer mes tétons sensibles.
Je me montre à lui, ses yeux se mettent à briller. Il veut parler, mais est bloquer par une quinte de toux. Il se reprend, et me dit :
- Tu es magnifique dedans. La couleur va parfaitement avec tes cheveux et tes yeux.
- Merci, elle est très belle.
- Peut-être aurais-je dû la prendre plus longue.
- Non, elle m'arrive jusqu'à mi-cuisses, elle est suffisamment longue. Je la mettrai à Noël, pour toi.
- J'aurai ainsi l'impression d'être avec toi.
Il sourit et part à nouveau dans une quinte de toux. Je m’inquiète :
- André, as-tu vu un docteur aujourd'hui ?
- Tous des charlatans. Ne t’inquiète pas, je suis plus costaud que j'en ai l'air.
- … Si tu ne vas pas chez le docteur, je laisse la robe là.
- Tu es un sacré bout de bonne femme toi ! J'en appellerai un demain, juste pour te faire plaisir.
- Promis ?
- Oui, promis. Et promets-moi une chose à ton tour : pose pour moi dans cette tenue à ton retour des vacances. J'ai envie de faire une peinture de toi.
- Je te le promets, avec un immense plaisir.
Je n'ai pas oublié la robe, même si elle n’est pas dans mes bagages. Je la porte sur moi pour prendre mon train, avec en plus des bas pour ne pas avoir froid aux jambes, mon gros manteau d'hiver et mon écharpe pour protéger mon décolleté des regards indiscrets. J'ai pensé à mon père toute la nuit. Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vus. C'était cet été, et j'étais encore avec Thomas. J’ai envie qu’on se retrouve de façon intime, qu’il me fasse l’amour comme avant. La dernière fois, c'était juste avant ma première rentrée dans cette école. J'espère qu'il aura envie de moi. En tout cas, avec cette robe, je mets toutes mes chances de mon côté.
Oui, toute cette nuit j'ai imaginé la surprise qu'il aura en me voyant dedans. Certainement va-t-il résister à la tentation de me toucher. Mais, je sais que ça ne durera pas. Alors, j'ai rêvé comment il m'embrasserait, comment il me caresserait, comment il me prendrait. Allait-il être doux ou sauvage ? J'ai fantasmé sur chacun des scénarios, je me suis masturbée sur chacun d'entre eux, je m'suis offerte autant d'orgasmes que d'histoires imaginées.
Le train est bondé. Tout le monde se précipite de peur qu'il parte sans lui, et je me fais bousculer dans tous les sens. C'est avec un mal fou, et de plus en plus énervée, que j’atteins enfin ma place. C’est celle qui est contre la fenêtre. Un homme d'une bonne trentaine d'années est assis sur celle d'à côté et pianote sur son ordinateur.
Je n'ai pas besoin de dire quoi que ce soit, il comprend que je veux passer. Il se lève… j’ai l’impression que ces yeux d’un bleu si clair étaient bien plus sombres l’instant d’avant… il me libère le passage... Il dégage quelque chose d'incroyable… je sens mon corps et mon esprit en communion… J'ai une envie incroyable de lui... ça n'a rien à voir avec mes états lorsque je suis très excitée et qui me donne juste l'envie de baiser... C'est lui que je veux et personne d'autre.
Je m’assois en tournant la tête vers la fenêtre. Je tente de me résonner. Suis-je à ce point en manque de sexe pour avoir envie du premier inconnu trop proche de moi ? Le brouhaha dans le train semble s'éloigner et j'ai l'impression d'entendre sa respiration, je sens son parfum si agréable. C'est plus fort que moi, il faut que je le regarde. Si ça se trouve, et je l’espère, il est moche, et ça va couper toutes mes envies. Je tourne la tête, ses yeux sont fixés sur moi... Ils sont d'un bleu si clair, si envoutants, j'ai l'impression de plonger dedans.
Le train est parti, je ne l'ai même pas senti. Nous sommes en train de nous embrasser, et je ne sais d'ailleurs même pas qui a fait le premier pas. Ce baiser est long, doux et puissant à la fois. Sa main a glissé dans mon manteau et caresse ma poitrine. Elle descend sur ma cuisse, remonte le long de mon bas, passe sous ma robe, dépasse la jarretière de mes bas. J’écarte les jambes légèrement, mais suffisamment pour qu'il atteigne mon minou nu. Il me caresse, les sensations sont divines.
Je camoufle ma jouissance en blottissant ma tête dans son cou, puis lui murmure "j'en ai encore envie". Il se lève, il prend ma main pour que je l'accompagne, et je lui suis sans la moindre résistance. Nous attendons que les toilettes se libèrent et nous y entrons. Je ne sais même pas si des personnes nous ont vu, je n'ai pas regardé, je m’en fous.
Il retire mon manteau, me caresse la poitrine pendant que j’enlève mon écharpe. Je tire sur le nœud de ma robe qui glisse le long de mon corps. Et je suis quasiment nue devant lui, n'ayant sur moi plus que mes bas et mes chaussures.
Il me lèche chaque sein, me lèche le vagin, me lèche l'anus. Il ne s'attarde pas, me montre son impatiente de goûter chaque partie de mon corps. Je suis impatiente aussi, et à mon tour, je vais le découvrir.
Je le suce juste un peu avant de prendre appui sur le petit lavabo pour qu'il me pénètre par derrière. Vagin, puis anus... Il se retire, sur le point de jouir. Je veux connaitre le goût de son sperme. Je m’agenouille rapidement devant lui, et prends sa verge dans ma bouche. Il éjacule quasiment aussitôt. Je savoure chaque jet, puis chaque goûte qui en sort. Et mon excitation s'évanouit par enchantement, mais mon envie de cet homme reste intacte.
Nous nous embrassons en se tenant dans les bras, comme des amoureux qui ne se sont pas vus depuis longtemps. On frappe à la porte "Il y a des gens qui attendent !". Alors, je remets ma robe, il noue la ficelle dans mon cou. Il m'aide à enfiler mon manteau, J’attrape mon écharpe qu’il avait mis autour de sa gorge et nous regagnons nos places.
Toujours sans dire un mot, je pose ma tête sur son épaule, tiens une de ses mains entre les miennes. Un sentiment étrange et nouveau prend possession de mon corps. Je pense savoir de quoi il s’agit sans en être certaine. J’ai peur et à la fois, je suis sereine.
Et le train commence à freiner à l'approche d'une gare. Il m’embrasse tendrement, me caresse les cheveux avec une tristesse dans le regard ; il se lève et récupère ses affaires. Et plus il s'éloigne et plus une impression de vide me gagne. Je le regarde sur le quai de la gare, une femme à côté de lui, deux enfants lui sautent dans les bras. Il tourne les yeux dans ma direction. Je lui fais un signe de la main ; il me sourit ; le train repart ; mes larmes se mettent à couler ; le vide s’agrandit.