Chapitre 25 : Le fin du vide

Pauline Années d'études Chapitre 25 La fin du vide

 

Je pensais ne plus jamais avoir besoin de me retrouver devant cette porte. Je sonne tout même, hésitante. De toute façon, je n’ai personne d’autre à qui parler… Et parler de quoi en fait ? Tout me semble tellement compliqué. Je suis perdue comme jamais. Je ne sais pas si elle pourra m’aider, mais au moins, elle ne me jugera pas et m’écoutera. C’est tout ce dont j’ai besoin. Et elle sait déjà presque tout de moi. La porte s’ouvre :

  • Bonjour Pauline. Entrez, je vous en prie. Venez vous installer.
  • Merci de me recevoir.
  • Merci à vous d’avoir pensé à moi. Vous avez changé depuis la dernière fois. Votre nouvelle coiffure vous va très bien, si je peux me permettre. J’ai failli ne pas vous reconnaitre.
  • … C’est peut-être volontaire… Vous savez, avec ce qui traine sur moi sur internet et ma nouvelle vie.
  • Votre nouvelle vie ? Je suis curieuse d’en savoir plus.
  • Je ne sais pas par où commencer.
  • Eh bien, débutons par là où nous nous sommes arrêtées, si vous voulez bien.
  • … D’accord, mais je ne me souviens plus très bien…
  • Laissez-moi reprendre mes notes… Voilà… ça date d’il y a un peu plus d’un an. Donc, vous rentriez alors en cinquième année. Vous vous étiez réconciliée avec votre ami Jean-Christophe. Vous vouliez tenter de repasser votre permis de conduire pour la quatrième fois…
  • Je l’ai eu, au bout de six fois tout de même, mais je l’ai enfin eu. Je pense que l’examinateur a eu pitié de moi.
  • Félicitations, c’est une étape importante dans une vie. Bien, je reprends… Vous aviez l’impression que votre père s’éloignait de plus en plus de vous…

 

Je me raidis d’un coup, geste qui ne lui passe pas inaperçu. C’est un sujet délicat pour moi. Elle s’installe au fond de son fauteuil, remet en place ses lunettes. C’est comme avant, les mêmes mimiques qu’à chaque fois qu’un sujet semble l’intéresser particulièrement ; comment cela pouvait m’énervait; mais c’est en fait maintenant rassurant, familier. Elle attend que je prenne la parole :

  • Je n’ai revu mon père qu’une fois depuis. On se parle souvent au téléphone, ou même avec Charline, mais je crois qu’il ne veut plus me voir.
  • Savez-vous pourquoi ?
  • Non… Peut-être… Je lui ai dit que je pensais peut-être témoigner lorsque le procès de mes profs de lycée débutera. Il ne veut pas y participer. Il m’a dit que pour lui c’était de l’histoire ancienne et qu’il a maintenant sa vie… Enfin… Il a peut-être peur que je le convainque de venir témoigner aussi.
  • Et quel effet ça vous fait ?
  • Ça me rend triste parce qu’il a toujours été là pour moi avant et j’ai l’impression qu’il me laisse tomber, lui aussi.;
  • Et vous allez faire quoi ?
  • Ne pas témoigner. Je n’y arriverai pas toute seule, pas sans lui.
  • Vous n’avez personne qui peut vous aider à surmonter tout ça ?
  • Non… JC n’est au courant de rien.
  • Vous vous entendez toujours bien ?
  • On s’est mis officiellement ensemble. Enfin, on ne se voit que le week-end car on est à plus de deux cents kilomètres l’un de l’autre à cause du travail de chacun.
  • C’est très intéressant ce que vous me dites : un petit copain, un travail. J’imagine que vous avez eu votre diplôme alors…
  • Eh oui, première de promo, sans surprise.

 

Elle se remet à nouveau au fond de son fauteuil. Cette fois, elle retire ses lunettes qu’elle pose sur la table basse qui nous sépare. Elle prend un air interrogateur avant de me demander :

  • Ça n’a pas l’air de vous faire plaisir.
  • Ça n’a surtout aucune importance… Première… Dixième… L’important est d’arriver jusqu’au bout en donnant ce qu’on peut.
  • … Bien… Et vous aimez votre travail ?
  • L’ambiance est plutôt agréable, je travaille sur des dossiers intéressants. Je ne me plains pas.
  • Depuis combien de temps avez-vous commencé ?
  • Un peu plus de deux mois.
  • L’éloignement avec votre ami est-il un frein à vos ambitions ?
  • Non… On est en train d’arriver à la raison de ma présence ici…
  • Je vous sens effectivement plus nerveuse. Quelle est votre relation avec votre ami ?
  • Je crains qu’il soit amoureux de moi.
  • Mais pas vous, n’est-ce pas ?
  • Non, toujours pas, et certainement jamais.
  • Alors, pourquoi avoir décidé de vous mettre avec lui ?
  • C’est la solution de facilité… Le vide en moi est parti et mes envies sexuelles sont revenues de façon explosive.

 

Elle reprend ses lunettes. Je commence à avoir chaud. Je ne sais pas vraiment comment tourner les choses. J’espère qu’elle me posera des questions faciles : je me mets à penser à lui, je vais avoir du mal à réfléchir.

  • Rappelez-moi depuis quand vous n’aviez plus ses envies ? Je veux dire, de façon naturelle.
  • Depuis ma troisième année, au moment de Noël, lorsque le vide s’était installé.
  • Et vous n’avez jamais voulu me dire ce qui l’a provoqué.
  • L’important est que moi je le sache, non ?
  • Alors, dites-moi comment il est parti.
  • … Il y a un homme à mon travail. Je l’ai rencontré lors de mon deuxième jour. Il dégage quelque chose de tellement puissant… Je pense à lui tout le temps, je fantasme rien que sur le fait qu’il m’embrasse un jour.
  • Mais ?... Il est avec quelqu’un ?
  • Il est divorcé et couche avec la DRH… je les ai vus le lendemain dans son bureau en plein acte.
  • Pourquoi étiez-vous allé le voir ?
  • Pour lui avouer ce que je ressens. J’avais attendu toute la journée pour ça… attendu qu’il n’y ait plus personne en guettant qu’il ne parte pas à son tour.
  • Et qu’avez-vous ressenti en les voyant ?
  • … De la douleur de ne pas être à la place de cette femme. Mais, de toute façon, ça n’a pas d’importance. Ce qui est le plus dur c’est qu’il me déteste et me rejette !
  • Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
  • J’ai surpris une conversation entre lui et son chef.

 

Je lui raconte alors ce que j’ai entendu :

« 

  • Non, je n’en veux pas.
  • Tu rigoles ? T’as besoin d’une ressource que tu réclames depuis des mois.
  • Oui, mais pas elle... Elle n’a pas assez d’expérience.
  • J’ai lu le dossier qu’elle t’a rendu. Les seules erreurs qu’il y a sont liées à sa méconnaissance de l’entreprise.
  • C’est ce que je te dis, elle n’a pas assez d’expérience.
  • Elle est douée, la petite Pauline, et peut-être plus que toi encore. Vu ce qui va tomber prochainement, je te l’impose. Dans un mois, elle est dans ton équipe.

 

Et en partant, il passa à côté de moi. J’ai tenté de lui dire quelque chose, mais il ne s’arrêta même pas et me regarda d’un air si froid. »

 

Elle me regarde fixement avant d’ajouter :

  • Je vois que la situation n’est pas facile. Et vous avez surpris cette conversation quand ?
  • Il y a quinze jours juste avant que je ne prenne notre rendez-vous.
  • Donc, dans les quinze prochains jours il deviendra votre supérieur, si je comprends bien.
  • J’ai demandé s’il n’y avait pas une autre possibilité, mais… Je suis en période d’essai, on ne me laisse pas vraiment le choix. Mes collègues croient que je n’ai pas envie d’y aller parce qu’il est plutôt autoritaire et très pointilleux… En tout cas, ils ne voudraient pas être à ma place.
  • J’aimerais que vous me racontiez franchement pourquoi vous ne voulez pas être dans son équipe.
  • Parce que dès que je le vois, j’ai des pulsions insensées. Dès que je pense à lui, j’ai des envies très fortes… Plusieurs fois par jour je me précipite aux toilettes pour me calmer. J’utilise même ma culotte comme bâillon pour ne pas qu’on m’entende. Et le fait qu’il n’ait pas envie de moi me frustre d’une façon terrible.
  • En avez-vous parlé à votre ami ?
  • JC ? Bien sûr que non. Il profite de mes envies, ça lui plait, et ça me fait du bien aussi… Je sais que vous vous dites que ce n’est pas une situation saine.
  • Je ne suis pas là pour apporter un jugement. Mais peut-être pouvons-nous travailler pour identifier ce qui vous plait tant chez cet homme, et voir s’il y a moyen de calmer vos envies. Comment est-il ?
  • Plus âgé que moi, autoritaire mais honnête, fin, des yeux bleus magnifiques qui s’éclaircissent ou s’assombrissent suivant son humeur. Il n’est pas l’homme le plus beau du monde, mais, ce qui m’attire est ce qu’il dégage, son odeur… Elle m’enveloppe et m’emmène dans un autre monde. Il n’y a aucun moyen de calmer ça, je le sais.

 

Je me lève, je suis à bout. Ça m’a fait du bien de parler. Je vois les choses de façon plus claires maintenant, même si je n’ai aucune solution pour résoudre cette situation. Je demande, essoufflée :

  • Pouvez-vous m’indiquer les toilettes ?
  • Heu… Oui, au bout du couloir, la dernière porte sur votre droite.

 

Je glisse mes mains sous ma jupe, et je retire mon string devant elle, le tissu est déjà trempé. Elle ne sait quoi dire tellement elle est surprise. Je lui explique rapidement : « je vous l’avez dit : dès que je pense à lui j’ai des envies très fortes. Je vais aller aux toilettes pour ne pas vous choquer, mais si vous préférez, je me masturberai devant vous sans éprouver la moindre gêne. A moins que vous ne préfériez me brouter la chatte ! ».

 

Elle ne me laissa pas me calmer, elle me mit à la porte directement. Ce fut notre dernier rendez-vous. Elle aussi m’a abandonnée.

 

 

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