Chapitre 6 : Un dessin

Pauline années études chapitre 6 fenetre

 

Je me réveille péniblement. J’ai besoin de plusieurs bonnes heures de sommeil supplémentaires. Mon corps est courbaturé, c’était si intense avec JC. D’ailleurs, il n’est plus dans l’appartement. Il est parti sans prévenir, sans me réveiller. Il faut que je me dépêche, je suis déjà en retard.

Je trouve un petit papier plié glissé sous ma porte d’entrée en quittant mon appartement. Je profite du temps que met l’ascenseur pour ouvrir le mot et le lit :

"Ma très chère Pauline,

 

Je sais à présent qu'il ne me sera pas nécessaire de vous suggérer à nouveau d'installer des voilages à votre fenêtre. Je suis heureux que vous ayez trouvé un nouvel ami qui a visiblement su combler vos envies.

 

Vous êtes une femme étonnante et merveilleuse à la foi. Je ne jouerai plus le voyeur qui guette chacune de vos apparitions, impatient de revoir la beauté que vous êtes. J'observerai simplement ce que vous voudrez bien me montrer.

 

Je vous remercie très chaleureusement pour hier. Vous avez su faire renaitre en moi mon ancienne passion longtemps oubliée. Je dessinais, je peignais, principalement des natures mortes. Je n'ai jamais eu la possibilité de m'offrir un modèle qui poserait pour moi. Mais, c'est-ce que vous avez été sans le savoir.

 

Je vous ai laissé dans votre boîte aux lettres quelques croquis que j'ai fait hier. Il n'y a rien d'exceptionnel, j'ai perdu la main avec toutes ses années passées.

 

A très bientôt,

 

André, votre vieux voisin."

 

J’aimerais prendre le temps de faire un détour aux boîtes aux lettre et découvrir ce qu’il a laissé dans la mienne. Mais, je suis vraiment trop en retard. Je passe par la sortie secondaire qui me fait gagner de précieuses secondes pour aller à l’école. Ce n’est pas suffisant, je dois également courir si je veux arriver à l’heure.

Il y a un rassemblement dans le hall principal, et Amandine, debout sur une chaise, est en train de parler fortement à tout le monde. J’arrive juste au début de son discours :

« Ecoutez-moi bien… Un peu de silence s’il vous plait !! Ok… J’ai largué Thomas car c’est un sale connard. Si je vous dis ça c’est pour mettre en garde toutes les filles de l’école et n’hésitez pas à en parler au tour de vous. S’il a la possibilité, il vous filmera en cachette dans votre intimité ! ».

 

J’ai un coup de chaleur, un coup de stress. Je ne sais pas quelle est sa raison pour s’exclamer ainsi devant tout le monde, mais j’espère qu’elle ne va pas parler de moi, et encore moins de ce qu’il y a de compromettant sur moi.

"… Pauline en a été sa victime, j'en ai été sa victime, Marine aussi, et Hanna, Anaïs, Isa, Flo ! J'ai découvert hier qu'il cachait une petite caméra dans la salle de bain. Oui mes chères amies, il a filmé chacune d'entre vous en train de faire son petit pissou à notre soirée de samedi dernier !

Thomas ! Je ne sais pas où tu te caches, mais je suis certaine que tu m'entends ! Sache que j'ai supprimé tout ce que tu sauvegardes sur ton drive ! Ton ordinateur est en miette ! Et si je découvre que tu as des sauvegardes ailleurs, ce ne sera pas qu'un simple œil au beurre noir que tu auras : je t'exploserai tes petites couilles inutiles !

Merci de m'avoir écoutée."

 

Hier, j’avais eu si peur de devenir la risée de toute l’école. Mais, aujourd’hui, c’est Thomas qui se fait bousculer, qui se fait insulter. J’ai quelque part pitié pour lui. Je n’aimerais pas être à sa place, je l’ai déjà été et je sais ce que c’est. Je sais aussi qu’il le mérite largement. Et pourtant, je n’imagine pas encore à quel point.

 

Amandine vient me parler durant la journée

  • Ça s'est bien passé avec JC après que je sois partie ?
  • Oui, ça va. Il est plutôt sympa en fait. Il joue les gros lourds devant les autres, mais je pense que c'est un type bien.
  • Il l'est, je te l'assure. Mais, fais gaffe, il voudra te sauter... A moins que... Une de plus sur son tableau de chasse ?
  • … Bon, et si on parlait d'autre chose ? Au fait, bravo pour ton discours de tout à l'heure. Et comment t'as su ? Je n’ai jamais rien vu sur son ordinateur.
  • Je n'ai pas eu besoin d'y toucher, fallait juste accéder à son disque dur et surtout attendre qu'il dorme. L'un de mes ex était plutôt très doué en informatique, il m'a appris quelques petits trucs... Et paf, tous les fichiers visibles sur le mien...
  • Et il a vraiment caché une caméra dans ta salle de bain ?
  • Oui, ce n'est pas du pipo, mais ce n'était pas son coup d'essai...
  • Il l'a fait à moi aussi ?
  • Et pas que dans la salle de bain. Il y avait des centaines et des centaines de vidéos de toi.

 

Je la vois se mettre à sourire légèrement avant d'ajouter "j'ai pas tout regardé, mais le peu... T'es une sacrée branleuse toi. Toutes celles que j'ai ouvertes, t'étais en train de te toucher... Enfin... Et en plus, je suis tombée sur un fichier... Trop con le mec, il y a mis tous ses mots de passes de ses différents comptes internet". Un petit silence, et je lui dis :

  • Bon, ben je pense que je te dois des remerciements.
  • Ça ne sera pas utile. Disons que les compteurs sont à zéro.
  • Pas vraiment, tu n'as pas mis sur internet mes vidéos, tu les as même détruites...
  • J'ai couché avec Thomas en Mai pendant que tu étais dans tes révisions.
  • … Tu... Quoi ?
  • Ben, ça faisait un moment que j'avais envie de sortir avec lui, et puis ça m'amusait de te rendre cocu pour être franche.
  • … Ok pour les compteurs à zéro. Putain, je n'arrive même pas à croire que je n'ai jamais rien vu...

 

Amandine part, et me dit d'un peu plus loin "Ça serait sympa que tu viennes à une de nos soirées un jour. T'es finalement peut-être plus cool que ce que tu en as l'air."

 

Et enfin, la fin des cours. Je rentre chez moi à marche rapide. Je suis pressée de découvrir ce qui m'attend dans la boîte aux lettres. Et je ne suis pas déçue : cinq feuilles d'un bloc-notes. Il n'y a rien de cru, de hard, tout est dans la suggestion, seul mon visage est dessiné. Les croquis me montrent sous différents angles, toujours avec la bouche entre-ouverte, mettant en valeur le plaisir que j’ai. Ils sont beaux, j’aime beaucoup.

 

Je sonne à la porte d’André sans même passer par chez moi avant.

  • Oui ? C'est pour quoi ?
  • Bonjour André, c'est Pauline.
  • Ah... Pauline. Attendez, j'ouvre.

 

Quelques tours de verrous après, et je l'embrasse sur la joue.

  • Que me vaut cet honneur ?
  • Vos dessins sont trop beaux. Merci beaucoup.
  • Ho... Mais non. N'importe qui est capable d'en faire autant.
  • Pas moi en tout cas.
  • Bon, je vous l'avais dit que vous trouverez facilement un nouvel amoureux.
  • Ah... Heu non, ce n'est pas un amoureux, c'est juste un ami.
  • Un ami... Eh bien, cette notion d'amitié a bien changé avec le temps. Bon, je ne vais pas vous retarder plus que ça. J'imagine que vous avez beaucoup de choses à faire.
  • Non en fait. Je vais être toute seule ce soir. Et puis, ça serait bien qu'on fasse plus connaissance. Ça vous dirait de passer chez moi pour discuter ?
  • Eh bien, on va faire quelque chose. Je vous invite pour dîner. Nous pourrons discuter librement.
  • D'accord pour moi.
  • Vers 19h00 ?
  • Je ne serai pas en retard.
  • Ça sera juste un petit repas tout simple, sans fioriture. Et si vous changez d'avis, ça ne sera pas grave.
  • A tout à l'heure André.

 

J’ai deux heures devant moi. Mais, le temps que j'aille courir un peu, que je prenne ma douche, que je me prépare, ce n’est pas de trop.

 

André m'amuse dès mon arrivée. Il a beau avoir précisé qu'il ne s'agit que d'un repas tout simple, il a mis les petits plats dans les grands ; il s'est fait beau pour me recevoir également. Et pourtant, il me dit que je n'avais pas besoin d'arriver aussi élégante. Je me suis effectivement maquillée, un peu coiffée, et je porte une robe légère blanche. J’ai eu envie d’être belle pour notre premier repas ensemble.

 

Il me pose beaucoup de questions sur moi, ma vie. Je ne lui parle que de ce qui est racontable. Et puis, à force, je réussis à le faire parler de lui.

  • A bon ? Vous avez 79 ans ? Je n'aurais pas dit autant. Et vous êtes veuf depuis longtemps ?
  • Quelques années maintenant.
  • Je peux vous demander de quoi votre femme est morte ?
  • Oh oui, ce n'est pas un secret, elle est morte de chagrin... Mon fils cadet travaillait dans les tours jumelles de New York, et il y était lors des attentats du 11 Septembre 2001. Elle n'a jamais réussi à s'en remettre.
  • Ah... Je comprends. Et vous avez combien d'enfants ?
  • Plus qu'un, et deux petits enfants.
  • Comment était-ce votre vie avec votre femme ?
  • Elle était tumultueuse. C'était une femme de caractère, mais je l'aimais et elle m'aimait aussi. Et pourtant, je n'ai pas toujours été le mari parfait.
  • Comment ça ? Vous l'avez trompée ?
  • J'ai fauté sept fois pour être exact.
  • Elle l'a su ?
  • Je le lui ai dit à chaque fois.
  • Aïe... J'imagine... Cris, pleurs...
  • Pas du tout en fait. A chaque fois, elle ne disait rien, partait dans la chambre, et en sortait toute jolie. Elle prenait ses affaires et ne revenait que le lendemain matin. Elle venait contre moi afin que je puisse bien sentir l'odeur d'un autre homme. C'était sa façon de se venger.
  • Effectivement, ce n’est pas banal.
  • Ça me mettait en rage. Je sais bien que de nos jours, ça aurait fini par un divorce. Mais, ça ne se faisait pas vraiment à notre époque. Et, étrangement, après sa mort, j'ai arrêté de regarder les autres femmes.
  • Vous me regardez pourtant.
  • Vous ne me laissez pas vraiment le choix, mais vous êtes la seule.

 

Ça nous fait rire, la soirée se déroule paisiblement. J'aime ce temps passé avec cet homme. Il me montre quelques peintures qu'il a fait il y a bien longtemps. Elles sont tout simplement magnifiques, vives, colorées. Je suis loin de connaitre quoi que ce soit en art, mais elles me donnent des sensations agréables.

  • Ça me ferait plaisir de poser pour vous.
  • Poser pour moi ? Oh, mais non, j'ai arrêté tout ça.
  • Mais, vos dessins...
  • Juste quelques traits de crayon sur un bout de papier. Vraiment rien de compliqué. Je ne serais plus capable de faire ce genre de choses.
  • Je suis certaine que si. C'est comme le vélo, ça ne se perd pas. Il vous faut juste un peu d'entrainement.
  • Oui, mais ça prend du temps.
  • Et bien dans ces conditions, je passerai la journée de samedi avec vous, et nous travaillerons ensemble. Vous n'avez pas le droit de dire non.
  • … Alors, ce sera oui.

 

Il ne veut pas que je l'aide à nettoyer et ranger ; je rentre chez moi. Il n'est pas encore 22 heures, mais nous sommes tous les deux fatigués. Je vais dans ma cuisine, j’allume la lumière, et ouvre la fenêtre afin de voir André sans le reflet de ma lampe. J’ai envie de l’observer à ses tâches ; il est en train de laver la vaisselle ; il me fait un petit coucou de la main.

 

La température hivernale pénètre dans la pièce, mais je n’ai pas froid. D’ailleurs, je me déshabille devant cette fenêtre ; il mérite bien un petit cadeau de ma part. Nue, je m’assois sur la table de ma cuisine. Tout en le fixant, je commence à me toucher doucement. André s’absente un court instant, et revient avec un carnet et un crayon.

 

Je ne cherche pas à faire durer le plaisir, et lui offre, au bout de quelques petites minutes, mon orgasme. Nous nous faisons un dernier petit signe de la main, et chacun part se coucher de son côté.

 

 

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