Chapitre 1 : Stan
C’est une véritable déception qu’il veuille tout arrêter. Ce n’est pourtant pas une surprise en soi. Il n’est pas du genre à rester avec une femme longtemps ; je le sais bien depuis le temps que je le connais. Et ça fait déjà plus d’un mois que cette histoire a commencé. Il veut passer à autre chose, j’aurais aimé que cela se poursuivre encore. Je ne l’avais pas choisi par hasard : il sait s’y prendre, il sait trouver leurs envies sans même qu’elles en soient conscientes, et il les pousse à dépasser leurs limites, toujours dans la douceur. Et ça a bien fonctionné, à ma plus grande surprise d’ailleurs.
Je relis son texto juste avant de sonner à sa porte : « J’arrête là. Viens et fais en sorte qu’il n’y ait pas de problème. Tu m’as mis dans cette situation, tu m’en fais sortir ». Je prends un grand bol d’air et appuie sur le bouton. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Veut-il juste discuter ? J’espère que c’est ça et qu’il ne va pas me faire une surprise à la con comme il en est capable.
Il ouvre la porte. Il est tors nu, portant juste un jeans. Il me fait signe de rentrer avec un coup de tête et mets son doigt devant sa bouche pour me faire comprendre de ne pas ouvrir la mienne. Il me chuchote « dans la chambre ». Merde… ce n’est pas juste pour discuter. Je n’ai pas envie de savoir ce qu’il y a dedans. J’ai une sorte de boule au ventre.
J’enlève mes chaussures et le suis. Je reste un moment les yeux grands écarquillés en découvrant la scène. Et elle demande :
- C’était qui ?
- Mon frère.
- Je ne savais pas que tu avais un frère. Il aurait pu me surprendre…
Trop tard, je t’ai surprise. Et tu ne peux pas me voir car tu as les yeux bandés. Tu ne peux pas m’entendre car je suis incapable de sortir un son. Je suis surpris de te trouver ainsi, je suis émerveillé par ton corps nu allongé sur le lit. Tu es vraiment très belle. Et mon frère lui dit :
- Bon, je vais maintenant te détacher.
- … Pourquoi ? Profite plutôt de moi ; je ne peux pas me défendre.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
- Oh, je crois vraiment que si. J’ai envie que tu me prennes tour à tour dans chacun de mes orifices. Avec toi, je me sens salope et j’adore ça.
Tout en le disant, elle écarte grandement les cuisses. Sa vulve palpite, ouverte, luisante. Elle tire un peu sur les liens qui la forcent à garder les bras au-dessus de sa tête. Elle ondule des hanches dans une danse hypnotique. Mais, Luc s’en désintéresse. Il a pris sa décision, et à son regard, je vois qu’il n’est plus du tout attiré par elle. Ce n’est pas mon cas. Je bande comme un âne. Elle me fait bander depuis le premier jour que je l’ai vue.
Elle reprend, avec une voix haletante, sortant presque comme un souffle :
- Viens ! Baise-moi avec rage. Arrête de me frustrer comme ça, je suis en train de perdre la tête.
- Désolé.
- C’est quoi ce nouveau jeu ?
- On a passé de bons moments ensembles, mais je préfère qu’on arrête là. Tu peux demander à mon frère si tu veux.
- … Il est là ?
Elle referme aussitôt ses jambes et se met sur le côté, tremblante. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans sa tête, mais elle a peur. Luc quitte la chambre, je m’avance vers elle en lui disant d’un ton le plus rassurant possible :
- Je ne vais rien vous faire. Je vais juste vous détacher.
- … Je reconnais cette voix… Laisse-moi te voir.
Je lui retire le bandeau. Elle me regarde avec des yeux ronds, la bouche entre-ouverte. Elle est surprise, c’est un fait, mais pas seulement. La honte qu’elle ressent transpire par chacun des pores de sa peau. Et elle image déjà la suite, elle image ce dont elle est déjà certaine que je ferai. Je reprends rapidement, en défaisant les nœuds de la corde :
- Je vous promets que je ne dirai rien. Ça restera entre nous.
- Oui… bien sûr… jusqu’au jour où…
- Mademoiselle Liaine, je ne peux pas vous forcer à me faire confiance. Je ne peux que vous faire cette promesse.
Elle ne dit plus un mot, et moi non plus d’ailleurs. Libérée de ses liens, elle se précipite sur ses habits qu’elle revête aussitôt. Comment mon frère peut rejeter une telle femme ? Elle est magnifique dans cette jupe raz des fesses, dans ce petit haut moulant et un peu transparent ; elle avait dû vouloir plaire à Luc, je n’aurais pas tenu cinq minutes à sa place.
Elle n’enfile pas de sous-vêtements, ne les cherche même pas. Peut-être même qu’elle est venue sans. Elle se précipite hors de la chambre. Je la vois juste attraper une veste longue avant de quitter l’appartement en claquant la porte.
- Luc, t’es un putain de connard ! Tu pouvais pas juste rompre avec elle sans m’impliquer ?
- C’est toi qui as créé cette situation. Fallait bien que tu participes au final… Hey, fais pas la gueule, tu l’as bien trouvée. Je lui mets un 8 sur 10 à cette…
- Attention à ce que tu dis ! Et, merde, arrête de foutre des notes aux gonzesses que tu sautes.
- Toutes des salopes !
- Tu te trompes !
J’aime pas lorsqu’il sourit comme ça, avec son air supérieur. Il s’avance vers moi et me fourre une manette de playstation dans les mains en ajoutant :
- T’as besoin de décompresser, choisi le jeu. Mais, crois pas un instant que je vais te laisser gagner.
- J’ai pas envie.
Je la pose sur la table et me dirige vers la porte d’entrée. Luc m’interpelle :
- Hey, Stan, sérieux, tu la kiffe tant que ça cette meuf ?
- Faut croire.
- Heureusement que je t’ai pas raconté ce que j’ai fait avec elle alors. Je te laisse encore croire que c’est une princesse. T’as cours avec elle quand ?
- Demain. A + !
- Dis à maman que je serai là dimanche midi.
- Ok. Elle sera contente. Tu peux l’appeler aussi.
Je retourne tranquillement chez moi… chez mes parents. J’ai besoin de me retrouver dans mon antre, m’allonger sur le lit et tenter de me faire croire que je ne suis pas un gros salopard qui vient de faire du mal à la femme dont je suis tombé amoureux.
Je la vois à un arrêt de bus, concentrée sur son téléphone. Je pourrais aller lui parler. Je pourrais tenter de la réconforter. Je pourrais tout lui avouer. Mais, je préfère passer mon chemin, l’air de rien, en espérant même qu’elle ne me voit pas.
Quelques instants après, je reçois un message sur Whatsapp :
« Je n’arrive pas à croire ce que tu m’as fait. Tu n’imagines pas à quel point tu viens de ruiner ma vie, ton frère va tout raconter ! J’ai toujours tout fait pour te faire plaisir et c’est comme ça que tu me remercie ? T’es qu’un salaud. Cherche pas à me recontacter, je t’efface de mes contacts. Adieu ! »
Je me sens des plus misérables. Tant pis, il faut que je lui raconte tout et qu’elle comprenne que ce n’est pas ce que je voulais. Je cours dans le sens inverse pour la retrouver. Elle n’est plus à l’arrêt, un bus vient de refermer ses portes et partir. Je ne suis qu’une merde.