Chapitre 17 : Christelle

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Je suis au fond de mon lit, j’ai déjà bouffé trois paquets de mouchoirs. Mais, c’est peut-être mieux que ça arrive maintenant, avant d’avoir des sentiments encore plus fort. C’est tout de même dur. Je ne suis pas une sainte, je ne l’ai jamais caché. Je pensais que les choses seraient différentes. Je me suis plantée en beauté.

 

On frappe à la porte de la chambre. Je réponds :

  • Laurent, laisse-moi s’il te plait.
  • Hey, petite sœur. Je ne t’ai jamais vu dans cet état avant. Je m’inquiète, c’est tout. Je peux entrer ?
  • … Ouais, viens.

 

Il entre, il a les yeux vitreux. Il s’installe sur le bord du lit et commence à rouler un joint. Je lui demande :

  • T’en as pas suffisamment fumé ce soir ?
  • Juste deux.
  • Et durant la journée ?
  • Il n’est pas pour moi celui-là, mais pour toi.
  • J’en veux pas.
  • Tu veux pas te sentir mieux ?
  • C’est pas ça qui m’aidera.
  • Il s’est passé quoi ?
  • Rien… une panne de cœur.

 

Je ne comprends pas ce qu’il lui prend. Il laisse tomber son shit sur le sol pour me prendre dans ses bras. Et il me dit :

  • Je suis content pour toi. J’avais peur que tu n’ais jamais de sentiments.

 

Je me mets à pleurer dans son cou. Il a raison. Je n’ai jamais ressenti quoi que ce soit pour quelqu’un d’aussi fort. Je n’ai jamais senti un vide lorsqu’une personne n’est pas avec moi. Je pleure, de plus en plus. Et il me repousse doucement en me disant :

  • Désolé, mais j’ai pas envie de ta morve sur mon tee-shirt.
  • … T’es toujours aussi délicat.
  • Ben, tu sais quoi ? C’est un con ce mec… ou cette fille…
  • Un mec.
  • Ouais, ce mec, c’est un con. Il ne sait pas ce qu’il perd parce que t’es la nana la plus géniale au monde. Pourquoi il t’a larguée ?
  • Ben, qui te dis que c’est lui qui m’a larguée ?
  • J’ai entendu votre conversation. Et j’imagine que tu n’aurais pas porté cette robe si tu voulais te débarrasser de ce type.
  • Ouais… t’as raison : il m’a larguée. C’est con que tu te shootes comme ça parce que t’es un mec super intelligent.
  • Et pourquoi il t’a larguée ?
  • Je lui ai dit pour nous deux.
  • Ahh… pourquoi t’a fait ça ? J’aurais jamais rien dit moi.
  • Luc est son frère.
  • Luc ? Mon pote ? Putain, ça fait un bail que je ne l’ai pas vu. Mais, il ne te connait pas.
  • Ben si. Il m’a reconnue lorsqu’il avait débarqué… Enfin, tu vois quoi.
  • Hein ? … Ohhh… Aaahhhh ouais. C’est con ça.

 

Je vois son regard s’éteindre. Il ramasse son matériel et recommence à se rouler cette merde. Il culpabilise, je le vois bien. Encore une fois, il doit se sentir coupable, comme lorsque nos parents ont divorcé, comme lorsque le chat était tombé du septième étage alors qu’il était seul à l’appartement. Il culpabilise comme lorsqu’il était gamin, à faire le con avec son meilleur pote et qui est, depuis, dans un fauteuil roulant.

 

A mon tour, je le prends dans les bras, repousse sa drogue et lui dit :

  • C’est pas ta faute. Elle ne t’apporte rien.
  • J’oublie quelques moments grâce à elle.
  • Et après ?
  • Je t’aime, Christelle. T’es la seule qui compte pour moi et qui me comprend.

 

Il se blottit contre moi et me sers aussi fort qu’il peut. Je l’embrasse doucement sur le front. Il me masse le dos délicatement en passant ses mains sous mon caraco de pyjama. Je fais de même en passant les miennes sous son tee-shirt. Mais, les siennes passent sur mon ventre et remontent doucement. Je lui demande :

  • Qu’est-ce que tu fais ?

 

Il ne répond pas, et agrippe ma poitrine. Il tente de m’embrasser sur les lèvres, je tourne la tête. Et je lui sors, tentant de garder mon calme :

  • Laurent, s’il te plait, ne fais pas ça.
  • J’ai envie de toi et je sais que ça te fera du bien aussi.
  • Laurent, je ne veux pas.
  • Laisse-toi faire. Je serai très doux.
  • Non !

 

Il me regarde avec un air étonné. Il sourit, mais a les yeux tristes en même temps. Et il me sort :

  • Depuis le temps que je rêve que tu dises « non ». Dommage que ce soit au moment où j’ai le plus envie de toi.
  • Je suis désolée, Laurent. Je t’aime, mais plus de cette façon.
  • Nan, c’est pas grave. C’est une bonne chose en fait. C’est le début d’un changement, je le sens. Tant mieux. J’en ai marre de cette vie. J’en ai marre de devoir coucher avec toi parce que je ne suis pas capable de me trouver quelqu’un. T’es une fille géniale et j’ai passé mon temps à te traiter comme une pute à disposition.
  • C’est rien, c’est pas grave. Je ne t’en veux vraiment pas. C’est du passé maintenant. Tu restes et tu seras toujours mon grand frère.
  • Tu veux me faire plaisir ?
  • Oui, évidemment que oui.
  • Fais-en sorte qu’il n’y ait pas machine arrière. J’arriverai jamais à avancer sinon.

 

A nouveau je le prends dans les bras. A nouveau il me sert dans les siens. Et il sort de la chambre. Je lui dis :

  • T’oublie ton matos.
  • C’est l’heure du changement. Fais-en ce que tu veux… et avant que je ne change d’avis de préférence.

 

Je n’hésite pas une seconde. Je prends le tout et le fous dans les chiottes avant de tirer la chasse. Et je me réinstalle dans mon lit. J’attrape mon téléphone. Je veux rattraper le coup avec Stan, même si je ne pense pas qu’il va décrocher. Je tente, je laisse sonner… Il décroche ?

  • Heu… c’est Christelle… je…
  • Oui… heu… c’est quoi ton nom de famille ? Je ne sais pas à quelle porte sonner.
  • Comment ça ? T’es là ?
  • Dans le hall de l’immeuble. Je voulais te dire en personne que je m’en fous.
  • Bouge pas, j’arrive.

 

Je saute de mon lit, et cours à l’extérieur de l’appartement. Je descends le 9 étages à pied le plus rapidement que je peux. Ce n’est pas une blague, il est vraiment là. Je suis aussi heureuse que flippée. J’ai envie de l’enlacer, mais je n’arrive plus à avancer. J’ai peur de ce qu’il pourrait me dire. Et lui aussi reste à distance. Il ouvre la parole :

  • Je ne vais pas pouvoir rester, mon père a besoin de la voiture demain tôt.
  • Ok, c’est pas grave. Et donc, tu m’as dit au téléphone… ?
  • Ça m’a contrarié, je ne te le cache pas. Mais, j’ai décidé de laisser mon cerveau sur la table et laisser parler mes pulsions. Je… enfin, si tu veux bien, ce n’est pas une obligation non, mais comme mes parents te connaissent déjà… enfin, ça me ferait plaisir si tu venais dormir avec moi.
  • Oui, je le veux. Et je t’assure que ce n’est pas Oui-Oui qui parle, mais bien Christelle.
  • Ok… cool. T’es très sexy dans cette tenue.
  • C’est ma tenue de nuit officielle. Et merci. Je peux venir juste comme ça, si tu veux.
  • Oui, mais pour les cours demain ?
  • Ah… faudrait que j’aille chercher quelque chose alors.
  • Je peux t’accompagner ?
  • Bien sûr. Je suis au dernier étage.
  • Cool ça.
  • Bof en fait… l’isolation est merdique à cause de la toiture, mais le loyer est convenable. Et puis, l’ascenseur est en panne depuis deux semaines.
  • Ah, c’est con. Mais ça fait faire du sport.
  • Parles-en à ma voisine du dessous qui a des jumeaux en bas âge… elle apprécie beaucoup.

 

J’ai eu peur de la rencontre entre Stan et mon frère. Mais non, ça s’est bien passé. Ils ont été amicaux l’un envers l’autre. Et je suis maintenant avec mon amoureux, blottie contre lui. Nous venons de faire l’amour comme nous ne l’avions jamais fait : doucement, délicatement. Nous venons de faire l’amour comme on ne me l’avait jamais fait. Je me sens bien, je me sens différente. Mon frère a raison : c’est l’heure du changement.

 

 

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