Chapitre 23 : Annie
Je vérifie ma tenue. Allez Annie, ça va le faire. Je suis tout de même super stressée. Ce n’est pas du tout comme je me l’imaginais. Pourtant, ça semblait si simple : il ouvre ses cadeaux. Dans l’un d’eux, il y a une laisse. Je me mets à quatre pattes et lui dit de me l’attacher. Ce sera sa première surprise. Et la seconde arrivera après, avec Oui-Oui.
Mais en fait, ce n’est pas du tout simple. Je stresse à mort. Je ne les connais pas ces invités. J’ai un peu discuté avec chacun d’entre eux, mais c’est tout. Heureusement qu’il y a Oui-Oui et Stan, je me sens bien moins seule. J’ai tout de même peur que ce ne soit pas suffisant.
Bon, il faut que je prenne mon courage à deux mains. Je vérifie mon maquillage. Je vérifie le collier, la boucle est bien au centre de mon cou. J’ai les mains qui tremblent. J’aime beaucoup cette robe, mais de là à sortir ainsi devant tout le monde… il ne faut pas que j’y pense. Et franchement, par rapport à ce qu’il se passera après, ce n’est qu’un détail.
Pffff, c’est bien plus facile de s’exhiber durant les cours en faisant semblant de ne pas faire attention. Mais là, je m’expose volontairement, et tout le monde verra que ce n’est pas un accident. J’aurais peut-être dû choisir simplement une tenue sexy, comme me l’avait conseillée Oui-Oui, et non une aussi provocante.
Bon, les strass autour de mes tétons vont attirer les regards dessus. Si ça se trouve, personne ne remarquera le serre-taille en vinyle brillant. Et j’aurais peut-être dû prendre un string couleur chair. Les motifs sur la résille de la robe ne sont pas placés pour cacher quoi que ce soit.
Allez, je respire, il faut que j’y aille. La porte s’ouvre, c’est Luc :
- Qu’est-ce que tu fais ? Je vais ouvrir les cadeaux… Tu t’es changée ?
- Ben, comme tu vois. Tu gâches un peu la surprise du coup. Ça te plait ?
- Ouais… mais non en fait.
L’avantage avec Luc c’est qu’il ne mâche pas ses mots. Il est direct, parfois peut-être un peu trop. Je me sens très mal sur le coup. J’ai presque les larmes aux yeux. La surprise est gâchée. Il s’approche de moi, me caresse la joue et me dépose un petit baisé sur les lèvres. Il reprend :
- Tu es superbe, franchement. Mais, tu peux pas débarquer comme ça.
- Je te fais honte ?
- Non, pas du tout. Mais…
- Mais…, un « mais ».
- Dans mes potes y’en a qui vont s’en foutre. Mais, y’a des putains de langues de putes aussi. Et j’ai pas envie qu’ils disent du mal de toi. T’as entendu les réflexions sur Oui-Oui ?
- Un peu, je n’y ai pas prêté attention en fait. En plus, elle est habillée soft par rapport à ce qu’elle a déjà porté à la fac.
- Ouais, ben trop sexy pour certains tout de même. Déjà, rien qu’à cause de ses gros seins, on la met tout de suite au rang de salope. Il vaut mieux que tu te changes. Surtout avec la présence de Bérénice.
- Qui ?
- La petite grosse à lunette, avec son mec… petit gros à lunette. C’est la fille de la secrétaire de la fac et c’est la reine des langues de pute.
- Ok… je vais me changer.
Il me serre dans ses bras, il m’embrasse à nouveau. Et il ajoute :
- J’aurais vraiment eu plaisir à te voir débarquer comme ça. Mais, pour le coup, je préfère te protéger.
- Ça marche.
- Je dois y retourner.
- Ok. Commence à ouvrir les cadeaux sans moi.
- Ouais.
- Tu peux dire à Oui-Oui de venir me voir ?
- Je lui dis. Tarde pas trop. Je t’aime.
Hein ? Il vient de dire quoi là ? Je n’ai pas le temps de réagir qu’il a déjà quitté la chambre. Ben, Luc, moi aussi je t’aime. Mais, la surprise est tout de même gâchée. Luc a en tout cas fait passer le message car Oui-Oui débarque dans les secondes qui suivent, ne me laissant pas le temps de m’apitoyer sur mon sort et de pleurer. Elle me regarde avec de grands yeux avant de s’exclamer :
- Ouahou, encore plus belle que dans la cabine d’essayage. Il te reste des strass ? On pourrait en mettre sur ton pubis, ça fera génial.
- Non, on laisse tomber.
- Hein ? Pourquoi ?
Je m’assois sur le lit, elle vient se mettre à côté de moi, et je lui explique, m’écoute sans intervenir. Et voilà, j’ai fini. Elle reprend :
- Ça veut dire que notre truc ensemble, on laisse tomber aussi ?
- J’en ai bien peur.
- Ben… pour être franche… je préfère.
- Tu n’avais pas envie ?
- Si… mais j’ai découvert que j’ai des limites aujourd’hui même.
- Tu m’aurais laissée tomber alors ?
- Non, ça, jamais. Je tiens toujours mes promesses. Mais, je n’aurais pas été à l’aise, c’est sûr.
Elle se lève et se regarde dans le miroir. Elle se retourne vers moi :
- C’est quoi qu’on critique sur ma tenue ? C’est à cause de mon jeans trop moulant ?
- Je crois que c’est à cause de tes gros seins.
- Ah ben ça, je n’y peux rien. Quelle bande de cons. Peuvent pas comprendre que c’est la génétique ? Ça vient de ma grand-mère paternelle, ça. Parce que ceux de ma mère sont tout petits.
- En tout cas, il va falloir que tu préviennes Stanislas.
- Je ne lui ai rien dit.
- Pourtant, on a… on aurait eu besoin de lui.
- Il était trop curieux. Je voulais le faire mariner jusqu’au bout.
Et lorsqu’on parle du loup, on en voit la queue. Il débarque à son tour :
- Hey, vous faites quoi ? Luc a commencé à ouvrir ses cadeau et… la vache, Mademoiselle Liaine… cette robe… vous êtes sublime.
- Et quoi ? demande Oui-Oui. T’as pas fini ta phrase.
- Heu… ah ouais, y’en a un qui lui a offert un gode ceinture. Trop drôle. Et il a aussi eu une laisse… heu… je crois comprendre qui la lui a offert.
- Stan, mon chéri, j’ai un service à te demander.
- Ok, Christelle. C’est quoi ?
- Fais en sorte que la soirée se finisse très rapidement maintenant. Le cadeau de ton frère va pouvoir se faire qu’en tout petit comité.
- Ok… je fais ça comment ?
- T’es intelligent, tu trouveras bien une solution. Et tu reviendras ici lorsque ce sera fait. Et tu vas… tu verras à ce moment-là.
- Bon ben… j’y retourne alors.
Oui-Oui reste auprès de moi. Je n’ai pas envie de me changer et encore moins envie de quitter cette pièce. Et, après plusieurs minutes, j’entends la porte d’entrée de la maison. Je vais voir par la fenêtre : un couple part. Je reste encore à observer, à voir que d’autres s’en vont. Je me retourne vers Oui-Oui qui est devant le miroir, avec un air désespéré, à écraser sa poitrine comme si elle tentait de la rétrécir. Et je lui dis :
- Stanislas a dû réussir. Y’en a qui partent.
- Tu veux le faire ?
- J’ai rien d’autre pour lui comme véritable cadeau.
- Ok, je suis partante. Laisse-moi prendre une ou deux photos de toi comme ça avant qu’on se change. Ça serait dommage qu’il n’ait pas de souvenir.
Et nous voilà quasiment prêtes. Il manque le détail. Nous l’attendons. Et il arrive, mais la lèvre en sang. Oui-Oui se précipite vers lui, et lui demande inquiète :
- Il t’est arrivé quoi ?
- C’est rien, juste Luc qui n’a pas trop aimé que je traite ses copains de gros connards d’abrutis.
- Tu les as insultés ? Tu y es peut-être allé un peu fort, non ?
- Ben, fallait pas qu’ils disent que t’es un pute.
- Ah… ils ont dit ça ?
- Ouais, à cause de ton maquillage et de ton petit haut.
Son haut ? Il lui va pourtant très bien. Effectivement, ce petit gilet descendrait jusqu’à mi-ventre sur une fille plate. Mais, Oui-Oui a une autre morphologie qui fait qu’il recouvre tout juste sa poitrine. On n’a pas le droit de se moquer des gens sur un physique qui ne peut pas être contrôlé. Et je demande à Stanislas :
- Ils sont tous partis ?
- Non. Reste les meilleures potes de Luc qui sont en train de se bourrer la gueule dans le jardin avec lui. Et, il reste ton frère aussi, Christelle. Il n’a rien vu de ce qu’il s’est passé.
Elle le regarde, avec un petit air triste. Et elle lui demande :
- Il est stone, c’est ça ?
- En fait non. Il était occupé avec une nana… c’est quoi ces tenues ?
Je reprends tout de suite :
- On a besoin de toi. Faut que tu nous aides à nous préparer et faire en sorte que Luc et les autres soient pas dans nos pattes.
- … Hein ? Ok… il va se passer quoi ?
Ce qu’il va se passer ? Ce qu’il se passe en ce moment. Pffff… difficile à décrire. Ce n’a été que des allers-retours d’un ascenseur émotionnel. J’ai pensé que Luc était content, me faisant grimper au septième ciel. Puis, j’ai cru qu’il n’aimait pas, me faisant dégringoler en enfer. Et retour vers le haut, vers le firmament. Et je suis en train de découvrir de nouvelles sensations bien étranges, quasiment pas physiques, mais totalement psychologiques.
J’aime entendre Oui-Oui gémir grâce à mes coups de reins. Ses doigts se crispent sur la moquette. Elle relève la tête et pousse un râle enivrant. Je n’en reviens pas de la faire jouir de cette façon. Je suis déjà pressée d’échanger nos places. Finalement, ça va beaucoup plus lois que ce que nous avions prévu.