Chapitre 4 : Annie
Luc, par pitié, envoie-moi un message. J’étais sous le coup de la colère. Evidemment que je ne t’ai pas supprimé de mes contacts. Dis-moi que c’était juste une mauvaise blague, dis moi quelque chose, je t’en prie. Pardon d’avoir été violente dans mes mots, mais je ne les pense pas. Il y a quelque chose entre nous, je le sais, je le sens.
Ton frère peut tout raconter de ce qu’il a vu. Je m’en fous, ça n’a aucune importance en fait. Je suis tombée amoureuse de toi, même si je n’ai pas osé te l’avouer. Je te pardonne même si je ne comprends pas pourquoi tu as fait ça. Luc, contacte-moi, je n’en peux plus d’être sur mon téléphone à attendre que tu me donnes signe de vie. Je ne veux pas non plus faire le premier pas car je sais que tu ne pourras plus me respecter sinon. Et j’ai peur que ce soit vraiment fini entre nous en n’ayant aucune réponse de ta part.
T’es vraiment quelqu’un d’unique, comme je n’ai jamais connu. J’ai tant aimé nos échanges avant notre rencontre. J’ai adoré toutes ses phrases subtiles, souvent à double sens, me montrant quelqu’un d’intelligent et honnête, me montrant une personne qui manie avec art les mots, mais laissant voir entre les lignes à quel point tu pouvais être coquin. Et du sexe, j’en avais terriblement besoin, privée depuis des mois, presque des années même.
Je n’ai pas proposé cette rencontre pour me faire prendre, mais pour être certaine qu’on ne me menait pas en bateau. Oui, la photo que tu m’as envoyée de toi m’a fait douter comme jamais. Si tu l’avais fait juste pour me faire fantasmer, c’était réussi. Mon petit bouton a été tout irrité à force que je joue avec lui en imaginant nous deux enlacés. C’était forcément trop beau pour être vrai. Des mecs comme toi ne me regardent jamais. Je suis trop effacée, ils veulent des filles qui savent se mettre en valeur, qui savent se faire désirer.
Quelle fut ma surprise lorsque tu m’as proposée une heure, un lieu… Je m’attendais à voir une autre personne arriver, ou toi mais différent, genre avec une calvitie, 20 ans de plus et des kilos en trop… Nan, t’es arrivé encore plus beau et plus de charme que l’image que j’avais de toi. Même si c’est ce que j’espérais, j’ai été décontenancée, surprise, n’y croyant pas.
Et toi, en vrai, si différent de toi à l’écrit, comme s’il s’agissait de deux personnes séparées. D’un côté celui qui écrit des mots subtils, de l’autre celui qui est direct… animal. Tu m’as regardée comme si tu allais me dévorer. Tu n’imagines pas toutes les sensations qui m’ont traversée à ces moments-là : de la peur, de l’excitation… beaucoup d’excitation d’ailleurs, comme jamais aucun autre homme a su me faire ressentir. Et puis tes mots lancés comme ça, sans équivoques, directement : « J’ai envie de toi ». Je n’ai alors eu qu’une pensée, qui a failli sortir de ma bouche : « Ok, là, maintenant ! ». Je n’en pouvais plus, il fallait que j’aille me rafraichir les idées aux toilettes.
Tu m’as suivie, je n’en revenais pas. Tu m’as prise, embrassée, glissée ta main dans mon pantalon. J’ai failli jouir à cet instant tellement toutes ses sensations étaient surréalistes. Et tu as commencé à me déshabiller, et j’ai pris peur. Je n’ai pas eu peur de toi, mais de moi. J’ai eu tellement envie que tu me prennes à cet instant. C’était si fort, si soudain, tellement pas moi. J’ai fui, avec une envie à chaque pas de faire demi-tour. Et j’espérais aussi que tu me retiennes, je n’aurais pas pu résister plus longtemps.
C’était si fort, si soudain, tellement pas moi… peut-être que si finalement. Je me découvre encore et je commence que maintenant à comprendre ce que j’aime, ce que je veux, grâce à toi.
Je voulais te revoir, avec la ferme intention de ne pas laisser ma peur m’envahir cette fois, avec la ferme intention de me laisser aller, de te laisser faire ce que tu voulais de moi. Je t’ai attendu dans ces toilettes de cet autre restaurant. Je savais que tu apprécierais ce que tu allais découvrir grâce aux messages que nous nous sommes échangés avant. Je n’avais jamais osé ne pas porter de culotte sous une jupe. Tu m’as poussée à vivre ce fantasme que j’ai depuis des années.
Et t’es arrivé, tu es resté à distance. J’ai eu à nouveau peur, une peur qui grandissait à chaque instant en relevant le tissu qui couvrait mes jambes jusqu’aux genoux, en le remontant doucement jusqu’à ce que tu puisses voir mon minou gonflé de désir, transpirant de mon jus intime. J’avais tellement peur que mon souffle fût coupé, et je ne pouvais plus dire aucun mot.
Tu m’as donnée un préservatif et je te l’ai enfilé, heureuse comme jamais de pouvoir toucher ta verge belle et gonflée. J’en ai oublié où nous étions, folle de désir pour toi. J’ai été actrice d’un moment d’extase, voyeuse de nos ébats grâce à ce petit miroir devant le lavabo.
Tu m’as fait vivre des fantasmes sans jamais de regret. Je veux que cela continue. Je suis à toi, Luc. Tu es tellement différent des autres. Déshabille-moi encore au milieu d’une rue. Remets-moi encore nue dans l’ascenseur qui mène à mon petit appartement. Exhibe-moi encore, attache-moi encore. J’ai aimé toutes ces situations, j’ai aimé tes yeux posés sur moi à ces moments mélangeant de la bestialité et de la tendresse. Je veux encore que tu me prennes dans tes bras après avoir abusé de mon corps, me câlinant doucement, me couvrant de petits baisers délicats.
Dicte-moi à nouveau ce que tu veux de moi, je me soumets avec plaisir. J’aime cette peur d’être à chaque fois surprise par quelqu’un. J’aime ce risque, ce petit jeu coquin. J’adore t’envoyer un selfie de moi pour te montrer que j’ai été obéissante. Je veux que tu m’ordonnes de porter à nouveau mes boules de geisha sous une jupe courte pendant que je fais cours. Je veux te montrer mon plug anal planté en moi dans une même situation. Je veux encore te raconter comment je me touche bien assise derrière mon bureau alors que mes élèves planchent sur un exercice.
Tu connais tous mes jouets intimes. Tu as des centaines de photos de moi me voyant les utiliser, te les exhibant les uns après les autres. Je veux en acheter de nouveaux, juste pour te montrer comment je calme ma frustration de ne pas être prise par toi. Je n’ai plus aucune pudeur pour toi. Je veux que tu saches tout sur moi. Je veux tout connaitre sur toi. Je veux que tu continues à me faire dépasser mes limites, et faire exploser en éclat mes blocages.
Luc, par pitié, reprends-moi. Contacte-moi. Le jour a commencé à se lever, je n’ai pas dormi de la nuit. Je vais appeler le doyen pour dire que je me sens mal. Je ne peux pas donner classe dans cet état.
Je reste dans mon lit, à pleurer, à ne pas y sortir alors que le week-end se passe, sans aucune nouvelle de sa part. Je reste dans mon lit autour duquel des centaines de mouchoirs trainent sur le sol. Le soleil se couche, je vais encore appeler le doyen pour annuler mes cours de demain. Je ne suis pas en état, je ne peux pas.
Je ne suis même pas en état d’aller ouvrir cette porte alors qu’on vient d’appuyer sur la sonnette. Je ne veux voir personne. Je ne sais même pas de qui il s’agit. Mais, ça ne peut pas être Luc, j’ai perdu espoir.
On sonne à nouveau, on insiste. Je ne bouge pas jusqu’à ce que je reçoive un message de lui. Mon cœur s’emballe, mes mains tremblent. Mon téléphone m’échappe, tombe sur ces papiers autour de moi. Je me penche pour regarder : « c’est moi, ouvre s’il te plait ».
Je suis folle de joie, mais aussi en colère qu’il m’ait laissée dans cet état durant tant de temps. Je ne sais pas si j’ai envie de lui sauter dans les bras ou l’engueuler comme du poisson pourri. Je verrai bien, que j’aille d’abord ouvrir cette porte.
Je ne lui saute pas dans les bras, je ne l’engueule pas non plus. Je suis juste sans voix. Il n’est pas seul. Son frère est avec lui. Pourquoi ? Je ne comprends pas. Luc a une lèvre explosée, son frère un œil au beurre noir. Et le premier me demande :
- On peut entrer ?
- Je… je ne sais pas… tu as quelque chose à me dire ?
Un silence, un long silence. Stanislas est sur son téléphone à pianoter. Et j’entends le mien émettre une sonnerie comme quoi j’ai un nouveau message. Je me recule, je veux aller voir. C’est tout confus dans ma tête. Le son de mon téléphone est celui que j’ai mis spécialement pour Luc, pour le reconnaitre facilement lorsqu’il me contacte. Comment peut-il m’avoir envoyée un message alors qu’il est juste devant moi, les mains dans les poches ?
Je me précipite, je lis : « Pardon Annie. Nous avons une explication à te donner ».