Chapitre 5 : Stan
Ma colère contre Luc n’a cessé d’augmenter, surtout lorsque le cours a été annulé ce vendredi. Mais, je ne tenais pas à me disputer avec lui ce dimanche midi devant notre mère. J’ai attendu la fin du repas, le digestif, le petit monopoly qui a duré des heures, et un encas pour le soir, pour enfin pouvoir sortir pour que je le raccompagne jusqu’à son épave. Merde, j’en reviens pas qu’Annie ait pu se faire prendre sur la banquette arrière de cette vieille 205 avec le bas des portières toutes rouillées.
J’ai attendu qu’il rentre la clé dans la serrure de sa merde et je l’ai poussé violemment. Il s’est retourné surpris :
- Stan, c’est quoi ton délire là ?
- T’es qu’un sale enfoiré et je vais te le faire payer !
- Hein ? C’est à cause de ta petite prof ?
- Elle s’appelle Annie, je te signale. Mais, ouais, toi tu l’as juste sautée sans en avoir rien à foutre d’elle.
- Stan, arrête tes conneries. C’est… juste une fille comme les autres et voilà quoi.
Hors de moi, je l’ai frappé au visage. La seconde d’après, j’étais à terre, à moitié sonné par un coup au niveau de l’œil. Il s’est mis sur moi, prêt à m’en foutre un autre, les yeux rouges :
- Assume, merde ! C’est toi qui l’as foutue dans cette merde ! J’ai pas eu le choix ! C’est vraiment mieux pour elle !
- Ah oui ? En quoi ? Pourquoi ?
- Laisse tomber.
Il s’est relevé et a ouvert la portière de sa voiture. Je me suis redressé, et je lui ai foutu un nouveau coup de poing. Sa lèvre était en sang. Je mis mes mains en protection en attendant qu’il m’en colle une de plus. Mais non, il est entré dans sa voiture, sans rien dire. Ce ne pouvait que plus m’énerver. Je l’ai attrapé au col en lui gueulant :
- Je suis amoureux d’elle, moi !
Il a démarré sa voiture et m’a regardé :
- Moi aussi, du con.
- … Sérieux ?... Mais…
- Trouve une solution pour réparer ta connerie. C’est toi le génie de la famille !
- Je ne sais pas quoi faire.
- J’ai envie de tout lui balancer.
- Ok… on fait ça.
- Monte.
Plus de vingt minutes plus tard, et nous voilà dans son salon. Elle a le nez rouge, les yeux sans vie, et à l’odeur qu’elle dégage, elle n’a pas dû se doucher depuis longtemps. Elle est en contraste total avec ce que j’ai l’habitude de voir d’elle et avec son grand tee-shirt blanc avec une Minnie souriante dessus. Et je passe plus d’une heure à tout balancer, à tout raconter. Je suis déstabilisé car elle ne dit rien, ne réagit à rien. Je me demande même si elle entend. Luc ne sort pas un mot non plus.
- Bon ben, voilà, j’ai fini.
- … Et donc, Luc n’a jamais vu nos échanges ?
- Non.
- Et il ne t’a jamais raconté ce qu’on a fait ensemble ?
- Non, pas grand-chose en tout cas.
Elle se lève et commence à sortir du salon. Je lui demande :
- Vous préférez qu’on parte ?
- Je vais faire pipi et je reviens.
Luc me sort, en faisant attention qu’elle n’entende pas :
- Elle le prend pas si mal finalement.
- Elle est peut-être allée chercher un flingue pour nous butter.
- Elle a peut-être envie que je la rejoigne.
- Pour quoi faire ?... T’es sérieux ? Tu penses à ça à un tel moment ? Dans son état ?
- Je pense cul tout le temps de toute façon. J’ai juste, en plus, envie d’elle.
- Ta gueule, elle arrive.
Elle revient avec les mains dans le dos. Merde, j’avais peut-être raison, elle tient peut-être un pistolet et elle va nous tuer. Elle porte bien des objets, mais rien à voir avec une arme. Je les reconnais tous les deux, je les ai vu sur des photos en action sur elle : un vibromasseur et un stimulateur clitoridien. Je vois le regard pervers de Luc mater avec un sourire en coin alors que je ne comprends pas. Mais, elle explique :
- Les deux sont très différents, mais chacun me procure énormément de plaisir. Et, ils ont été fabriqués par la même marque. Et j’ai comme l’impression que suis confrontée à un dilemme : devoir choisir l’un des deux ou m’en débarrasser. Mais, je ne veux pas m’en débarrasser, ni en choisir un. Je les aime tout autant. Continuez à jouer avec moi, s’il vous plait.
Je reste sans voix à la regarder. Luc me donne un coup de poing dans l’épaule et me tend les clés de sa voiture :
- Dégage d’ici. Je trouverai un moyen pour récupérer ma caisse.
- Et je fais quoi moi ?
- Tu écris.
Ecrire ? J’y pense toute la nuit. Mais, c’est différent maintenant. Elle sait qui lui envoie ces messages. Je ne vais plus oser jouer les maitres à lui dire quoi mettre ou ne pas mettre. Je ne vais plus oser lui dire des choses cochonnes, utiliser quelques insultent qui avaient l’air de lui plaire.
Et puis, bon… je ne sais pas. L’avoir vue dans cet état, ben, elle est tout de même beaucoup moins attirante.